Après le split du duo SPACECRAFT, John LIVENGOOD et Ivan Coaquette ont continué leur carrière musicale séparément; le premier réalisa un album solo en 1980 et le second a formé FONDATION avec son épouse Patricia Coaquette, laquelle a déjà participé au projet MUSICA ELETTRONICA VIVA (l’autre précédent groupe d’Ivan) et a successivement prêté main-forte à Jean-Baptiste BARRIÈRE (Pandémonium: Non, Jamais L’Espérance) et Bernard SZAJNER (Visions Of Dune). FONDATION publia trois albums au format cassette ainsi que quelques autres morceaux sur des albums collecifs (Paris - Tokyo et Signal 1).

Le premier est Sans Étiquette, que l’on peut grossièrement décrire comme de la musique expérimentale atmosphérique, à base de nappes d’orgues, de pulsations électroniques, et d’instruments acoustiques (piano, voix) ou électriques (guitare, basse). "Mandala", "Balavano" et "Résonance", les trois morceaux composés par Ivan Coaquette, ont en commun des développements musicaux semi-improvisés à partir d’un motif simple à l’orgue, avec toutes sortes de claviers et d’effets qui se fondent en une atmosphère sonore très immersive. C’est en particulier le cas de l’introductif "Mandala" qui emporte l’auditeur sur près de douze minutes. Ce n’est pas si éloigné de ce qu’a produit John LIVENGOOD sur son album sans titre paru la même année, ni même de l’album de SPACECRAFT. Les trois morceaux de Patricia Coaquette sont très différents, mais aussi distincts les uns des autres. "Fusion" est une autre longue piste, très liminale celle-ci, dominée par des nappes statiques à l’orgue et hantées par les vocalises de Patricia Coaquette. "Horizon" est le morceau à la mélodie la plus évidente, sur un fond pulsé. "La Voix De La Paix" est le moment le plus dépouillé du lot, une conclusion lunaire, un duo de voix et de synthétiseur complètement halluciné.

Les paysages sonores de Sans Étiquette rappellent assez ceux, certes plus sombres, de Nachtstücke (1980), premier album du synthésiste allemand Asmus TIETCHENS, dans cette manière de combiner la répétition musicale à une instrumentation excentrique et décharnée. C’est certes très différent de l’Ambient de Klaus SCHULZE, mais ce premier album de FONDATION n’en est pas moins une réussite rendant justice à la scène électronique française. Les deux albums suivants seront d’une autre teneur, faisant l’impasse sur les longue plages mais pas sur l’originalité sonore.