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1972 Stealers Wheel

STEALERS WHEEL - Stealers Wheel (1972)
Par LE KINGBEE le 23 Mai 2024          Consultée 385 fois

Nous sommes en 1972, une année qui commence sur les chapeaux de roues avec le massacre de Bloody Sunday. Musicalement, le monde découvre les bienfaits du Popcorn via la version Bontempi de Hot Butter. Les radios nous refourguent une poignée de douceurs : "Without You" (Harry NILSON), "Nights In White Satin" (The MOODY BLUES), "Lean On Me" (Bill WITHERS). Chez nous, les enfants ouvrent les cages des oiseaux, le duo Stone et Charden se lance dans l’Aventura, MARTIN CIRCUS s’éclate au Sénégal, alors que Boby LAPOINTE casse sa pipe pendant que POLNAREFF nous montre son cul via une campagne publicitaire hors-norme.

Le Folk parvient à tirer les marrons du feu avec le somptueux "Heart Of Gold", seul Numéro Un de Neil YOUNG, AMERICA se fait connaître avec "A Horse Without A Name" alors que Don McLean commet son plus gros carton avec "American Pie". C’est dans ces conditions que STEALERS WHEEL, traduisible par Voleurs de Roues, enregistre son premier disque sous la houlette de Jerry Leiber et Mike Stoller, célèbre duo de producteurs compositeurs indépendants ayant œuvré auprès des COASTERS, The DRIFTERS, Ben E. KING ou ELVIS.

Formé en début d’année par Gerry RAFFERTY et Joe Egan, le quintet est confronté à un gros changement de line-up juste avant d’enregistrer. Si l’épine dorsale reste identique, Rafferty et Egan restant comme les seuls pourvoyeurs du groupe en matière d’écriture, les deux amis sont rejoints par le guitariste Paul Pilnick (ex-Quarrymen, Lee Curtis), le batteur Rod Coombes (ex-LULU, TRIFLE, Lee Curtis, Juicy Lucy) et le bassiste Tony Williams.

Rafferty et Egan parviennent à capter l’intérêt d’A&M Records, le label d’Herb Alpert, leader et trompettiste des Tijuana Brass, qui s’empresse de les confier à Leiber et Stoller, une paire de producteurs capables de changer l’eau en vin. La pochette de John Byrne, un illustrateur écossais spécialisé dans les décors de théatre, nous dévoile les cinq membres sous des apparats d’animaux derrière une scène champêtre éclairée d’un ciel bleu, un signe de quiétude qui ne renseigne pas clairement sur le contenu. L’éponyme ne connaît aucun succès commercial lors de sa sortie, il faudra que le single "Stuck In The Middle With You", 6ème dans les charts Pop américains, et un passage dans une émission de la BBC pour que l’album profite de cette promo involontaire avec une cinquantième place dans les classements du Billboard. Ce sursaut quelque peu tardif engendré par la réalisation d’un vidéoclip désopilant avait néanmoins contribué au départ de Gerry Rafferty.
Curieusement, vingt ans plus tard, Stealers Wheel connaît un fabuleux rebond, "Stuck In The Middle With You" se retrouvant incorporé au générique du film Reservoir Dog de Tarantino. Le morceau figure lors du fameux passage dans lequel Monsieur Blonde (Michael Madsen) découpe l’oreille d’un flic en tenue, technique délicate destinée à lui tirer les vers du nez.

Derrière les touches d’un clavier évoquant aussi bien un accordéon qu’un harmonium d’église, "Late Again" propose d’entrée de jeu un grand moment de sérénité, comme si le groupe voulait nous plonger dans un sentiment de paix intérieure contrastant avec l’ambiguïté des paroles, un couple confronté aux absences de l’un des tourtereaux. Un excellent morceau combinant Folk et Pop magnifié quelques mois plus tard par Margaret SINGANA.
"Another Meaning" débute sous les arpèges d’une guitare acoustique, le chanteur nous contant ses problèmes existentiels, un titre aux paroles équivoques en droite ligne avec l’univers de DONOVAN. On reste sur une lignée quasiment similaire au niveau du texte avec "Outside Looking In" *, titre dans lequel Gerry Rafferty évoque un mal-être et des doutes constants sur la réalité du quotidien. On reste sur un fond mélodique ressemblant avec "Next To Me" **, une ballade morose chantée par Joe Egan. Là, Egan s’interroge sur sa personnalité, malgré l’ambivalence des paroles, l’apparition en fin de piste de chœurs sous forme d’une chorale et de claviers crépusculaires apportant une touche de gaité. Avec "Gets So Lonely", aucun risque d’attraper un lumbago ou un tour de rein. Derrière les volutes d’un orgue, Egan s’interroge encore une fois sur son quotidien et les méfaits de la solitude. Les influences des BEATLES, souvent sous-jacentes, et celles d’Harry NILSSON pointent le bout de leur nez sur "You Put Something Better Inside Me", une ballade Pop Folk dont les paroles positives, porteuses d’espoir, contrastent avec le ton général, impression renforcée par la qualité des harmonies vocales. Le titre fera l’objet d’une bonne cover par l’intermédiaire de Rod STEWART.

Si une grosse moitié de l’album propose des ballades décontractées aux paroles souvent aussi sombres que nébuleuses, le ton se durcit considérablement sur "Johhny’s Song". Impression encore plus frappante avec "I Get By", titre en filigranes du futur BAD COMPANY de Paul Rodgers dont les paroles remettent en question les thèmes du matérialisme et de la possession mais aussi le monde du travail. Changement de cap avec "José", titre qui remet lui aussi en cause le monde du travail par sa pénibilité. Si le premier tiers nous plonge en plein Rock Bluesy avec une slide saisissante, le reste nous embarque vers un univers proche de FREE.

Terminons notre tour d’horizon avec "Stuck In The Middle With You", un alliage ébouriffant de Folk et de Rock hyper groovy, emmené par trois guitares parfaitement en phase. Des claquements de mains, une basse pleine de rondeurs et une cloche Agogo rythment à merveille cette pépite. Le vidéoclip tourné pour l’occasion semble en constant décalage avec le tempo. Le groupe s'y produit dans un grand bâtiment quasiment vide, aux cotés d’une table où trois convives (un clown blanc, un homme à lunettes et chapeau melon digne représentant de l’establishment et une femme longiligne en robe de soirée) s’empiffrent comme des gorets, tandis que Gerry Rafferty amusé par un tel délire tente de s’immiscer à ce trio aussi infernal qu’improbable. Plus d’un demi-siècle après sa sortie, le morceau n’a pas pris une ride. Si on se laisse prendre par la mélodie, le refrain, pas si innocent que cela, visait en réalité les grands pontes de l’industrie musicale et les requins gravitant en eau trouble trop heureux de se remplir les poches au détriment des artistes : Clowns to the left of me - Jokers to the right - Here I am stuck in the middle with you.

Avec sa curieuse pochette, ce premier jet nous dévoilait l’existence de deux excellents chanteurs compositeurs, Gerry Rafferty et Joe Egan étant la colonne cérébrale du groupe. Si les ballades souvent mélancoliques aux textes cafardeux parviennent à retenir l’oreille, tandis que les titres plus punchy permettent d’élever la voilure, la chanson "Stuck In The Middle With You" apporte à elle seule un point de plus. La production de la paire Leiber & Stoler tire assurément le quintet vers le haut. Un disque à ranger entre les BEATLES, Harry NILSSON et Jim Croce.

*Titre homonyme à celui de Dream Sequence.
**Titre homonyme à ceux d’Emili Sandé et Imagine Dragons.

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   LE KINGBEE

 
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- Gerry Rafferty (chant, guitare)
- Joe Egan (chant, guitare, claviers)
- Paul Pilnick (guitare)
- Tony Williams (basse)
- Rod Coombes (batterie, percussions)


1. Late Again
2. Stuck In The Middle With You
3. Another Meaning
4. I Get By
5. Outside Looking In
6. Johnny's Song
7. Next To Me
8. José
9. Gets So Lonely
10. You Put Something Better Inside Menge



             



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