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1971 Tonton Macoute

TONTON MACOUTE - Tonton Macoute (1971)
Par K-ZEN le 6 Juin 2024          Consultée 111 fois

TONTON MACOUTE. Un intitulé qui serait presque amusant s’il ne charriait avec lui tant de peines et de souffrances…

Trouvant son origine première dans le personnage folklorique du vieux paysan haïtien arborant un costume bleu et rouge barré d’un sac en bandoulière nommé macoute, ce groupe nominal désigne les volontaires de la milice paramilitaire haïtienne créée par le président despote François Duvalier à la suite d’un coup d’état raté en 1958. Ses membres se sont rendus coupables d’actes innommables, couverts par une dictature complice tant qu’ils contribuaient à la maintenir en place. La dynastie Duvalier lâche finalement le pouvoir en 1986 mais l’île connaît d’autres tourments par la suite : citons entre autres le séisme dévastateur en 2010 qui la laisse presque entièrement détruite puis la totale faillite démocratique symbolisée par un poste de chef d’état laissé vacant depuis mars 2024.

L’image croquée sur cette jaquette est peut-être un appel inconscient à la Perle des Antilles : on y retrouve un paysage bucolique où figure une étendue d’eau prenant place au-devant de montagnes proches, oasis ayant attiré un oiseau venu épancher sa soif. Mais sortant d’une branche d’arbre, un goût de surréalisme incontestable se manifeste via un robinet ouvert remplissant ce que l’on croit être une bouteille invisible mais qui s’avère finalement un mug. À l’intérieur, une scène radicalement différente propose une casse automobile où se sont astucieusement planqués nos musiciens.

L’histoire de TONTON MACOUTE débute au cœur de l’été 1968 quand le batteur Nigel Reveler et le claviériste/chanteur Paul French répondent à une petite annonce du Melody Maker. Le job consiste à intégrer le DICK SCOTT COMPANY, un groupe reprenant quasi exclusivement des succès pop en concert, investissant abondamment les clubs allemands ainsi que les bases aériennes alliées. Outre SCOTT qui prend en charge chant et guitare lead, on retrouve dans ce conglomérat le bassiste/guitariste Chris Gavin et le souffleur Dave Knowles.

Durant les mois suivants, le quintet tourne massivement, se faisant remarquer par le chanteur pop Dave DEE (leader de DAVE DEE, DOZY, BEAKY, MICK & TICH) qui suggère à ses deux managers Ken Howard et Alan Blaikley de leur donner un coup de main. Parallèlement à leur activité scénique, ils enregistrent ainsi trois singles pour MCA sous le pseudonyme WINDMILL. Malheureusement, leur ascension est brutalement stoppée quand SCOTT est tué dans un accident de circulation courant mai 1970 pendant une tournée en Allemagne de l’Est.

Le quatuor restant décide alors de poursuivre son activité dans une veine jazz/progressif plus prononcée et reprend contact avec le duo Howard/Blaikley en vue d’obtenir un contrat d’enregistrement. Ce qui se fait non pas avec Vertigo, leur choix premier, mais plutôt Neon, filiale de RCA, à cause d’un important mouvement de personnel impliquant les deux managers.

Après de nombreux concerts, les musiciens se faisant dorénavant appeler TONTON MACOUTE entrent en studio pour graver un premier album. Simplement éponyme, le disque propose sept morceaux assez longs et aux constructions complexes typiquement progressives. La seconde partie de "Natural High" ainsi que le rêveur "Dreams" – comme une réminiscence furieuse du "Pinball Wizard" envoyé par les WHO il n’y a pas si longtemps – cultivent un aspect rock plus prononcé mais l’heure est au duel épique entre claviers et vents, Knowles et French s’en donnant à cœur joie sur la pièce maîtresse "Don’t Make Me Cry" au feeling très Canterbury. "You Make My Jelly Roll" via son vocal jazz trop prononcé et peu excitant me semble être l’unique faux pas d’un disque plutôt impeccable.

Produit non pas par Eddie Offord, parti aux États-Unis travailler avec YES, mais Martin Rushent, Tonton Macoute sort mi-1971, un des fruits d’une grappe ambitieuse de réalisations dont le but est d’institutionnaliser Neon, tels les albums Spring ou Brotherhood of Breath. Malgré tout, la période dorée n’est que provisoire et le label, victime d’immenses difficultés, s’effondre en 1972, laissant le groupe anglais sans ressources pour terminer un éventuel second enregistrement qu’il avait débuté en gravant quatre chansons qui resteront lettre morte y compris jusqu'à aujourd’hui. Cette chute entraîne ainsi celle de TONTON MACOUTE, qui cesse purement et simplement d’exister après le départ entériné de French, débutant une carrière en solo qui sera plutôt riche.

Reste cet album typique d’une époque où les groupes progressifs foisonnaient, dont longévité et qualité étaient souvent inversement proportionnelles.

3.5 arrondi à 4.

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- Chris Gavin (basse, guitare)
- Dave Knowles (saxophone alto et ténor, flûte, clarinette, chant)
- Paul French (orgue, piano, piano électrique, vibraphone, chant)
- Nigel Reveler (batterie, percussions)


1. Just Like Stone
2. Don’t Make Me Cry
3. Flying South In Winter
4. Dreams
5. You Make My Jelly Roll
6. Natural High (part 1)
7. Natural High (part 2)



             



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