Chappell ROAN a du piquant à revendre ! Née Kayleigh Rose Amstutz, la chanteuse et compositrice américaine originaire d’une petite ville du Missouri grandit dans une famille chrétienne et commence à écrire des chansons et composer au piano dès l’adolescence. Ses premiers pas dans l’industrie musicale se font d’abord sur Youtube où elle se fait repérer, puis en 2017 avec son premier EP School Nights qui lui permet de poser les bases d’une carrière prometteuse.

Un changement de label plus tard, le tournant décisif dans la carrière de ROAN arrive en 2023 : la sortie de son premier album studio, The Rise And Fall Of A Midwest Princess qu’elle décrit comme bubblegum et produit par Dan Nigro qui bosse aussi avec Olivia RODRIGO. Ce projet cathartique va explorer les thèmes de l’amour mais aussi de la quête de soi, puisqu’il lui donne l’occasion de prendre conscience de son identité queer et de façonner son alter ego scénique tel un personnage de drag, lui permettant ainsi de se protéger et de conserver de la distance avec une industrie trop souvent destructrice envers les artistes.

On comprend direct dans quoi on s’embarque dès les premières notes du titre d’ouverture, le single "Femininomenon", un hymne ultra accrocheur qui exalte la force des femmes sur lequel Chappell affirme fièrement son individualité et sa féminité. Une chanson qui oscille entre ballade orchestrale dont la production galvanisante vire électro-pop sur les refrains.

Les hits pop se succèdent et les singles aussi : super fun comme sur "Hot To Go!" (It’s all in my head but I want non-fiction), "Naked In Manhattan" ou encore "My Kink Is Karma" et sa basse lascive (People say I’m jealous but my kink is watching/You crashing your car/You breaking your heart/You thinking I care).

Des titres comme "Coffee", "Picture You" et "California" témoignent de la vulnérabilité de ROAN et de son écriture à la fois brute et poétique nous plongeant dans une facette de son univers plus intimiste et mélancolique. Les instrumentations plus lentes complimentent sa voix sublime, surtout sur "Picture You" où elle accompagne à merveille la production et sa vibe vintage.

Des ballades toujours - mais attention jamais chiantes - qui parlent d’amour il y en a bien quelques une supplémentaires : les singles "Casual" (You said « We’re not together »/So now when we kiss, I have anger issues/You said « Baby, no attachment »/But we’re knee deep in the passenger seat and you’re eating me out/Is it casual now?) et "Kaleidoscope" sur lequel Chappell s’accompagne d’un combo piano-violon superbe (And love is a kaleidoscope/How it works, I’ll never know).

Bref, Chapp’ est aux commandes sur tous les fronts et c’est sur sa pop bubblegum qu’on la retrouve au plus fort de sa forme. La basse funky et l’énergie disco de "After Midnight", le morceau préféré de la chanteuse "Guilty Pleasure" ou le single "Pink Pony Club" publié initialement en 2020. A ne louper sous aucun prétexte, le banger aux synthés de l’espace "Super Graphic Ultra Modern Girl" inspiré par l’art drag (I’m through/With all these hyper mega bummer boys like you/Oh yeah, I need/A super graphic ultra modern girl like me) ; sans oublier le single "Red Wine Supernova" et sa mélodie enjouée, que la chanteuse considère comme un hymne de l’amour lesbien avec le bridge le plus cool de tout l’album (I heard you like magic/I’ve got a wand and a rabbit/So baby, let’s get freaky, get kinky/Let’s make this bed squeaky).

The Rise And Fall Of A Midwest Princess sonne peut-être à première vue comme une parodie, et pourtant… Avec cet album à l’ambiance électrisante, Chappell s’est trouvée, se distinguant par sa créativité artistique unique dans un univers souvent saturé. Ultra Broadway-esque, c’est vibrant, frais, authentique et plein d’esprit, pas de skip pour moi, un superbe 5 en bonne et due forme.