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2014 Out Of The Box
 

- Membre : Bruce Springsteen

Roy BITTAN - Out Of The Box (2014)
Par MARCO STIVELL le 9 Juillet 2024          Consultée 377 fois

Roy BITTAN, master Roy BITTAN. Pour ainsi dire, le seul vrai New-Yorkais (de Queens en plus, pas le côté New Jersey) du E STREET BAND, meilleur groupe de rock du monde dont il est, avec le saxophoniste Clarence Clemons, souvent considéré comme l'élément musical le plus reconnaissable et le plus marquant. Fin 1974, une annonce avait été passée par Bruce SPRINGSTEEN pour trouver un pianiste connaissant bien la musique classique aussi bien que Jerry Lee LEWIS. Avant lui, il y avait David Sancious, au bagage déjà solide et qui, contrairement aux quelques autres recalés de l'histoire du E STREET BAND, connaîtra un belle carrière sous les lumières avec d'autres (STING notamment), mais Roy BITTAN marque vite les esprits. Dire qu'il avait commencé par l'accordéon, tout comme son acolyte Danny Federici ! Il joue aussi de l'orgue, de la basse et de la guitare, mais c'est bien le piano qui l'emporte et de loin.
On l'appelle Professor Roy BITTAN, le Professeur car selon le Boss, c'est le seul à être resté dans les études suffisamment longtemps pour y décrocher un diplôme, précisément au Brooklyn College of Music. Et sa science se trouve déployée de façon colossale dès Born to Run en 1975 (quitte à n'être jamais égalée), un album que SPRINGSTEEN avait composé au piano ! Davantage encore que le sax tonitruant du Big Man, ces chansons allongées lui doivent énormément, mais toutes les suivantes aussi dès qu'il joue (sur Nebraska, 1982, aucune du coup). Et ne parlons pas, dès 1984 avec "Born in the U.S.A.", de son apport plus simpliste, néanmoins riche et tout aussi marquant aux synthétiseurs. Etrangement, lorsque le Boss dissout la grosse machinerie en 1989 (temporairement, rassurez-vous), il garde Roy BITTAN seul pour son nouveau groupe des années 92-93, nommé par les fans 'The Other Band', et le pianiste obtient le rare privilège de co-signer un ou deux morceaux de l'époque, dont "Roll of the Dice", parmi les meilleurs, avec son cher Yamaha qui flamboie.

Le Professeur a d'abord joué pour TRACKS, groupe rock, un seul album en 72, révélant qu'il a eu les cheveux bien longs de façon très éphémère, puis pour la comédie musicale Jesus Christ Superstar première incarnation, au succès moindre qu'attendu, mais qui lui a permis de rencontrer la chanteuse Niki AUKEMA. Là encore, un seul album en 73 et des tournées avant que SPRINGSTEEN ne parvienne à le débaucher et pour un salaire moindre à l'époque. BITTAN a été tellement subjugué en le voyant sur scène que c'était pour lui le cadet de ses soucis, et puis dès 1975 et l'emblématique Born to Run, c'est à son tour d'être admiré par d'autres, y compris de très grands. Au fil du temps, le Professeur est le membre du E STREET BAND qui cumule le plus de sessions pour d'autres stars, avec des albums pour David BOWIE (Station to Station, 76 puis Scary Monsters, 80), Jackson BROWNE (The Pretender, 76), MEAT LOAF avec aussi son autre acolyte Max Weinberg arrivé en même temps dans le E STREET (Bat Out of Hell, 77, 5ème plus grosse vente d'albums de tous les temps, puis d'autres ensuite), Peter GABRIEL (II, 1978), DIRE STRAITS (Making Movies, 80), Stevie NICKS (Bella Donna, 81), Donna SUMMER (éponyme, 82), Bob SEGER, BON JOVI,Bonnie TYLER, Barbra STREISAND, Tracy CHAPMAN, Patty SMYTH (l'homonyme, épouse du tennisman John McEnroe)... Il est amusant de constater qu'entre les moments aux côtés du Boss et ceux-là, il a fallu attendre 2014 pour voir son nom apparaître seul sur la pochette d'un album, ce qui fait de lui l'avant-dernier du E STREET BAND (deux ans plus tôt que le bassiste Garry Tallent) à se livrer ainsi. Depuis, on peut penser qu'il s'agissait d'un effort et traînant, sans nul besoin de suite ! Ni même de publicité, vu la sortie confidentielle, la disponibilité comme limitée à un simple tirage (pour le coup, on peut remercier les plateformes Internet légales).

Sourions d'abord face à cette pochette choisie comme rappel d'une lointaine époque où le (futur) Professeur n'avait déjà pas grand-chose sur le crâne ! Artistiquement, on aimerait en revanche dire qu'il n'y a pas de quoi rire, mais ce serait mentir que d'affirmer être ici en présence d'un chef d'œuvre, voire d'un indispensable sinon par respect musical. Sur les albums de sessions pour d'autres, notamment le premier MEAT LOAF, on reconnaissait très facilement le style émouvant et explosif de Roy BITTAN. Il savait leur insuffler une patte springsteenienne naturellement. En 2014, il est âgé de 65 ans, n'a plus rien à prouver, et quand il joue pour lui-même, tel qu'on l'entend sur Out of the Box, c'est pour un ensemble plutôt tranquille, quand bien même sérieux et fourni. Et, tout comme les albums de feu-Danny Federici (à qui "Hammond Eggs" semble résonner un peu comme un hommage, le duo hors-band qu'ils n'ont jamais pu avoir), il s'agit de musique entièrement instrumentale, avec moins d'accointances jazz ici, moins de Jerry Lee LEWIS aussi bien sûr.

Le Professeur joue toutes les parties lui-même, résumant les diverses facettes de sa carrière au(x) piano(s), aux synthétiseurs, à l'orgue, à l'accordéon (de quoi justifier la 'box' du titre d'album, tous ces claviers étant des contenants), mais aussi aux programmations batterie-percussions et aux quelques véritables guitares rythmiques et basse. D'où l'absence de credit sur le livret, sachant qu'il n'y a qu'une seule exception : la guitare lyrique et toujours classieuse de Nils Lofgren, autre vieux compagnon du E STREET, invité pour le premier morceau, "The Dance". Ballade country aux sons programmés avec goût, incluant des cordes et cuivres, mêlant le pathos avec le registre épique, cette introduction plutôt belle et propice aux déroulements de piano nous convie au rêve, aux grands espaces. Il en va de même pour d'autres morceaux ensuite : "Love Will Find a Way", "Into the Blue", "Madrid", "East Wind" et même "Santiago's Dream". Des pièces plus ou moins inspirées aux mélodies simples, où le piano conduit en général et où BITTAN nous surprend agréablement à incorporer des touches latines, hispaniques ou italiennes ("Into the Blue" et son folk western-morriconien). On relève d'ailleurs deux titres de morceaux proposés dans chacune de ces deux langues.

L'ensemble est joli, bourré de bonnes idées, tout à l'honneur du Professeur en termes artistiques dans ce qu'il peut alors proposer, mais aussi parfois redondant (le slow "Clouds" avec piano Fender Rhodes) ou un peu trop diversifié pour bien s'intégrer ("Hammond Eggs" et ses cuivres soul-r'n'b). Sur une heure presque dix de surcroît, durée conséquente en somme, les tempos sont rarement enlevés, à l'image de "Q's Groove" pourtant sympathique (jazz encore pour Fender Rhodes) ou du blues routier "Jammin With Myself" plutôt excellent. BITTAN use timidement de l'accordéon (son instrument premier, pour rappel), préférant s'appliquer au riff de guitare baryton et offrir un petit solo 'clean' tout à fait charmant. Ailleurs, le piano classique brille sur "Riders in the Night" qui porte bien son nom, sommet de romantisme valsé et feutré ; "Madrid" à la nostalgie forte et la trompette-synthé bien assortie (plus que la voix féminine programmée du world et chaloupé "Santiago's Dream") ou encore "Like the Sea" et ses descentes cristallines 'laid-back'. Et si beaucoup pourraient redire concernant ce son new-age il est vrai pas tant espéré de la part du Prof barbu et chauve à lunettes, il leur reste "La Giostra (the Carousel)", petite merveille aux arrangements plus organiques et vintage (orgue positif, accordéon, joli synthé ondulant pendant solo piano) qui nous renvoie 34 ans plus tôt à l'intro du grandiose "Tunnel of Love" (DIRE STRAITS) par le même génie musicien. Car même s'il s'est bien assagi, on le sent quand même encore ici, le génie ! Thanks, Master.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Roy Bittan (pianos, orgue, accordéon, synthétiseurs, programm)
- Nils Lofgren (guitare électrique solo)


1. The Dance
2. Love Will Find A Way
3. Jammin With Myself
4. Riders In The Night
5. Clouds
6. Into The Blue
7. Like The Sea
8. Santiago's Dream
9. Q's Groove
10. Hammond Eggs
11. La Giostra (the Carousel)
12. Madrid
13. East Wind



             



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