HERMANOS GUTIERRES est un groupe suisse qui a déjà sorti cinq albums depuis 2017. Mais ne vous laissez pas influencer par son origine : ce duo, composé de deux frères, plonge ses racines dans des univers latins qui rappellent leur ascendances équatoriennes.
Essentiellement interprétée par des guitares, leur style est un mélange de musiques hispanisantes, de musiques de films et de rythme sud américains (Cumbia, Salsa), le tout avec un arrière-gout un peu Western/ Bues, notamment du fait de l’utilisation d’une guitare Lap Steel. C’est assez minimaliste, uniquement instrumental, très paisible et un peu aérien. Mais surtout, c’est assez envoûtant.
Leur morceau, "El Bueno y el Malo", tiré de l'album du même nom, m’avait déjà bien titillé les sens avec son petit côté Chris ISAAK (période "Blue Hotel" et "Wicked Game") qui se serait égaré dans un désert mexicain.
La sobriété est au programme, les guitares privilégiant les effets sonores aux avalanches de notes pour créer des ambiances exotiques. Celles-ci sont seulement accompagnées de légères percussions et d’un orgue lointain.

Produit par le chanteur des BLACK KEYS, leur dernier album a une orientation légèrement moins latino/désertique (si tant est que cela veuille dire quelque chose !), pour se diriger un peu plus vers des spectres bluesy et éthérés. Avec toujours cette dimension 'bande originale de film'. C’est facilement envoûtant et les premières écoutes permettent d’apprécier l’ambiance si particulière distillée par le duo. C’est dépouillé, lent, aérien et d’une grande sobriété en termes de notes et d’arrangements.
Le nom de certains titres est à cet effet assez évocateur : "Sonido Cosmico" (son cosmique), "Low Sun" (soleil bas) ou" Luz y Sombra" (Ombre et lumière) évoquent tous cette ambiance étrange qui exsude des couleurs chaudes, des notes aériennes et une certaine chaleur écrasante.
Aux côtés de ces morceaux 'contemplatifs', le groupe s’essaye à développer des univers plus rythmés et plus empreints de culture bluesy. Et c’est heureux, car son propos à la longue pourrait devenir un peu lassant s’il se contentait de rester dans sa zone de confort. En effet, passé la première excellente impression qu’apporte la découverte de leur musique, on tourne un peu en rond.
A côté des excellents et marquants "Bario Hustle" et "Until We Meet Again", qui possèdent une identité forte, les autres titres ont tendance à se ressembler et à vite se fondre dans un grand ensemble sonore qui, s’il est agréable à écouter, semble un peu trop uniforme et indistinct. Au deux morceaux cités ci-dessus, on peut ajouter le très bon "Low Sun" qui se détache également de l’ensemble par son côté obsédant et lancinant.
Sans surprise ces trois titres sont les trois singles que le groupe a sorti en avant première de l’album, le problème étant qu’il donne une image un peu faussée et très avantageuse du disque complet.

Au final, Sonido Cosmico est un excellent maxi 45-tours entouré de morceaux d’ambiance très agréables mais guère marquants car trop interchangeables. Cet album plus que correct, malgré son originalité, se révèle un peu décevant sur la durée.