L’attente a été longue après le sublime Valparaiso (2019), mais revoilà les KARPATT qui nous reviennent avec leur neuvième album.

Ce disque s’inscrit dans la droite lignée artistique de son prédécesseur, même si les inspirations et les thématiques ont fortement évolué. En effet, Valparaiso était en quelque sorte le témoignage, le carnet de voyage, d’une longue pérégrination en Amérique du Sud. Et cela se ressentait dans les ambiances musicales et thématiques abordées qui évoquaient majoritairement cette zone géographique. Le groupe avait envisagé de poursuivre avec cette manière de faire en entamant un voyage en Inde en vue de glaner l’inspiration nécessaire à la réalisation d’un nouvel album. Las, le Covid se mêlant de la chose, le voyage en Inde est écourté et les KARPATT décident de continuer à colorer leur musique d’influences sud-américaines.
Cela saute aux oreilles dès les premières note de l’enjoué "1, 2, 3 soleil". La guitare et les cuivres nous plongent immédiatement dans une fiesta entraînante d’Amérique du Sud ou centrale. Comme c’est le cas avec "Passe le temps", le groupe renoue avec sa facette festive et allègre : la joie de vivre est clairement au rendez-vous. C’est également le cas de "Nous n’avons plus rendez-vous" aux accents plus Jazz Manouche.
Mais pour autant, le groupe ne délaisse pas son autre terrain de jeu : la tendresse et la poésie. Des domaines qui servent de base à "Pour toi" ou à "A ton cou". On y retrouve la belle plume empreinte de générosité de Frédéric Rollat.
Navigant principalement entre ces deux ambiances, l’esprit festif et la tendresse, les KARPATT font à nouveau preuve d’un réel talent pour arranger leurs compositions. Si le talent de Gaétan Lerat n’est plus une découverte, cet album est l’occasion pour moi d’apprécier tout particulièrement l’apport des percussions et le travail de Hervé Jegousso à la contrebasse (et à la basse, comme cela semble être le cas sur "Mother San"). A cela s’ajoutent de nombreux instruments qui enrichissent le propos de KARPATT : cajon, percussions, accordéons, cuivres, claviers… Autant de couleurs qui viennent embellir la palette du trio, une très bonne chose qui permet de gommer un des légers défauts de l'album : la trop forte linéarité parfois de certaines rythmiques et la relative monotonie de certaines lignes de chant.
Par chance, le groupe a la bonne idée d’introduire des morceaux qui se démarquent de l’ensemble et apportent de la fraîcheur à l’album. C’est ainsi le cas de "Reviendras-tu si je m’en vais" à l'ambiance légèrement dance/Disco. Ou bien avec "Amigo" qui possède un petit côté Graeme ALLWRIGHT.

Au final, nous avons là un nouveau beau voyage musical empreint de professionnalisme et de tendresse et dont plusieurs nouvelles petites pépites vont, sans aucun doute, acquérir le statut de classique sur scène : "Passe le temps", " Mother San", "A ton cou", "1, 2, 3 soleil". En escale est un bien agréable moment en compagnie de ce trio si attachant.
Reste à souhaiter que leurs chemins les mènent vers de nouvelles contrées au sein desquelles ils puiseront des saveurs inédites pour pimenter leur prochain album.