Temilade Openiyi, plus connue sous son nom de scène TEMS, est parvenue à se faire connaître avant même la sortie de son premier album. Née au Nigéria, elle passe cinq ans en Angleterre durant son enfance avant de repartir sur ses terres natales. Elle développe une passion pour la musique dès son plus jeune âge. Elle se fait connaître peu à peu grâce à des singles et un E.P qu’elle produit elle-même en autodidacte. Ses chansons "Mr Rebel", "Try Me" ou encore "Damages" attirent l’attention par leur fusion de R&B, d’afrobeats et de soul lui permettant de se démarquer sur la scène musicale nigériane qui commence à devenir saturée.

C’est sa collaboration avec le chanteur nigérian émergeant WIZKID, "Essence" en 2020, qui catapulte véritablement la carrière de TEMS au niveau international grâce à une nomination aux Grammys et solidifie sa réputation en tant qu’artiste à suivre. Sur la B.O de Black Panther : Wakanda Forever ou aux côtés de BEYONCE et de Grace JONES sur Renaissance, la chanteuse prend du galon et débarque avec son premier album studio, Born In The Wild, durant l’été 2024.

Dès les premières notes de guitare du titre d’ouverture, le très personnel éponyme "Born In The Wild", TEMS nous livre de sa voix envoûtante une prestation douce, belle, spéciale alors qu’elle chante le besoin de trouver son propre chemin (I was born in the wild, grew up in the wild/You gave me my wild/And the world, the world is mine).

La chanteuse de 29 ans fait dans le R&B doux et raffiné, comme en témoignent la ballade introspective "Burning" (I could figure out myself/When I’m distant in my world/I could hold on to the past and be absolutely mad/But I let go of my sins/I just searching for my wings) ou "Unfortunate", un morceau bien chill à la rythmique très sympa et ensoleillée.

Mais c’est évidemment dans des chansons R&B aux sonorités afrobeat plus funky que TEMS excelle, comme sur le très cool "Gangsta" où elle s’inspire de Diana KING, sur le featuring "Get It Right" avec le chanteur nigérian ASAKE ou sur le single "Me & U". Quand la chanteuse fait dans l’uptempo, c’est tout en subtilité, on pense notamment à l’aérien "Hold On" à "Turn Me Up" ou au single groovy "Love Me JeJe" qui reprend les paroles de la chanson du même titre, sortie en 1999, du chanteur nigérian Seyi SODIMU, un bel hommage à sa culture.

La chanteuse nous montre ce qui la fait réfléchir, au moments des deux interludes "Special Baby" et "Voices In My Head", et collabore pour la première fois avec le rappeur américain J. COLE sur le titre "Free Fall" pour aborder les deux points de vue d’une relation toxique (I’m no angel, I have fallen too deep/And you watched me, then you fall in with me).

Non seulement le plus gros des dix-huit titres du projet est d’une très belle qualité mais il y a aussi plusieurs chansons dont le thème les fait sortir clairement du lot. TEMS chante aussi bien son propre empowerment comme sur "Ready" (I must be holding something strong/For me to know I can carry on/Something strong/I’ll carry on something strong/I’m ready to go/With the light in my soul) ou la ballade douce "You In My Face" sur laquelle elle s’adresse à son enfant intérieur et lui permet de trouver de l’apaisement (Girl in the mirror, walking in my skin/You remembered me/It’s a night of inspiring things).

La chanteuse sample "1er Gaou" de Magic SYSTEM dans l’intro de "Wickedest" un morceau bien balancé qui donne à TEMS l’occasion de briller particulièrement par sa prestation vocale (I’m on my tunnel vision, I beat your allegation/I’m moving on a mission, I don’t need supervision/Yeah one in a million, I got the ammunition). "Forever" bénéficie d’un petit je-ne-sais quoi, une sorte de groove disco-pop qui fait de cette déclaration d’indépendance un moment fort de l’album (I’m moving like a dancer, dancer/Challenger and still, I do it better/The feeling is forever).

De son côté, "Boy O Boy" est ma ballade préférée du disque avec sa très jolie guitare et ses paroles simples mais si bien trouvées (You’re a pain in my brain) alors que "T-Unit" dans un tout autre registre mi-rap mi-chant beaucoup plus rythmé, est la définition de la puissance by TEMS (Never surprendre, never afraid/Cause I was born this way/Throw your hands up, let me hear you say/Victory until the death of me).

Aucun doute, l’afrobeat peut compter sur TEMS ainsi que sur Born In The Wild pour contribuer joliment à populariser le genre à l’échelle mondiale et à briser les stéréotypes sur la musique africaine en mettant en avant la diversité et la richesse de ses origines. La chanteuse reste fidèle à ses racines tout en embrassant des influences plus mainstream et en cultivant son style distinctif, à la manière d’une SZA, laissant présager un avenir brillant à celle qui nous offre ici un album où il n’y a rien à redire.