En 66, le SPENCER DAVIS GROUP commence à ressentir le poids du succès. Il faut faire un tube qui soit aussi notable que "Keep On Running". En 66, le groupe s’est taillé une place de figure montante du rhythm and blues britannique. Ils ont tout pour eux : l’énergie solaire d’un band que rien ne semble arrêter, les reprises des standards noirs américains, mais surtout la voix surnaturelle du jeune chanteur et claviériste Steve WINWOOD.

Dans l’urgence, Steve, accompagné de son frère Muff et de Spencer, propose un nouveau single qui leur permettra peut-être de rester dans la course. En 30 minutes et sous la pression de leur manager Chris Blackwell, ils improvisent "Gimme Some Lovin’" qui sera leur prochain single et qui deviendra un classique du rhythm and blues blanc des années 60.

Le son de "Gimme Some Lovin’" est fulgurant, sec et frontal dès les premiers instants. Steve fait saturer l’orgue Hammond pour emplir au maximum l’espace sonore et donne au morceau un vrai côté électrique. L’impact de cette place prédominante est immédiat, renforcé par la basse directe de Muff et Pete qui fait pulser sa batterie. Sans surprise, c’est toujours la performance vocale de Steve WINWOOD qui ressort comme l’aspect le plus impressionnant du titre. Sa voix allie rugosité blues et urgence juvénile, et il la pousse, l’arrache et la projette sans aucune retenue, comme un élan viscéral.

Finalement, l’instrumentation est assez simple et la chanson repose totalement sur ce hook fameux qui se répète à l’envi. L’intérêt s’articule vraiment autour des envolées vocales agressives et la construction sommaire du titre, tout comme sa production et son enregistrement non-polissés traduisent le sentiment d’immédiateté que devaient ressentir les membres du groupe au moment de sa composition.

Sur la face B du single, on découvre le morceau "Blues In F", une jam blues très sympa qui sert de vitrine technique au SDG, révélant à quel point leur maîtrise du rhythm and blues dépasse le cadre d’un single calibré pour fonctionner dans les charts.

Gimme Some Lovin’ c’est un bloc peut-être un peu imparfait mais totalement essentiel, tendu comme une frustration qui ne relâche jamais. C’est la recette magique d’un classique sur commande devenu aujourd’hui un incontournable des playlists de rhythm and blues et repris par de nombreux artistes au fil des décennies… comme quoi les chiens ne font pas des chats.