La Suède est un pays réputé pour ses blondes aux yeux bleus, ABBA, Ikea et ses saunas. Un peu moins pour ses musiques extrêmes, alors qu’il y a amplement de quoi se rassasier en la matière. Sans même parler des scènes death et black metal, l’indus a été et continue d’être à l’honneur dans ce pays nordique par excellence. Et le nom qui revient sur toutes les lèvres violacées est celui de Roger Karmanik, créateur du label Cold Meat Industry où l’on retrouve ou découvre EN HALVKOKT I FOLIE, RAISON D’ETRE, DEUTSCH NEPAL, IN SLAUGHTER NATIVES et bien entendu, BRIGHTER DEATH NOW.

En digne héritier de THROBBING GRISTLE, pour la forme mais plus encore pour le fond, l’ami Karmanik pousse le bouchon jusqu’à la jouissive saturation de flanger dégueulasse et de basses bien grondantes. Mais contrairement à l’aspect très frontal d’un projet comme WHITEHOUSE, BRIGHTER DEATH NOW se veut définitivement plus traînant, plus sous-terrain dans son exploration du bruit primordial et, accessoirement, des pathologies mentales correspondantes*.

Ce disque très homogène peut être conçu comme une forme d’antidouleur à base de cendres et de poussière d’os.
On y retrouve le style caverneux des premiers enregistrements (Slaughterhouse, en 1989). Ainsi "Soul In Flames", prototype même du style dark ambient, s’élève de façon traînante et cependant majestueuse, comme un hymne aux forces telluriques.
Le titre éponyme, avec la complicité du farfadet MORTIIS, sent bon les relents de charognes de la crypte et de l’encens qui y brûle.
On y subit également de beaux assauts, comme le terrible "Rain, Red Rain" à l'incessant crissement surchargé de réverbérations massives, ou encore l’écrasant et pétrifiant "Deathgrant". C’est cet aspect-là que Karmanik mettra en avant dans ses futures réalisations (notamment l’implacable Innerwar, l’année suivante).

Necrose Evangelicum n’est peut-être pas le plus directement marquant des travaux de Karmanik, mais c’est peut-être pour cela qu’il marque plus durablement l’auditeur curieux et obstiné dans le bon sens du terme. Quelque part entre le Paradise Disowned de LUSTMORD et le Leichenlinie de GENOCIDE ORGAN, mais en plus sale, en plus vrai encore.


*On peut cela dit, et il faut impérativement le rappeler en ces temps de dissolution complète, être parfaitement sain d’esprit et écouter non sans un grand plaisir ce genre de musique. L’un n’empêche pas l’autre, comme dirait l’autre.