Boyd Rice, on l’oublie volontiers pour d’idiotes polémiques (dont il a d’ailleurs le secret), est un amoureux du bruit. Non pas du bruit que font les voisins insupportables par nature, mais du bruit que l’on obtient soi-même en détournant d’anodines sucreries pop de leur axe central pour les transformer en d’obsédantes boucles qui sont autant des machines de guerre que de volcaniques textures propres à la contemplation au coin du feu, avec un fusil bien chargé et une bouteille de choix.

Children Of The Black Sun, sorti en 2002, est le 8ème album de NON. Il paraîtra peut-être étonnant au néophyte que la discographie d’un projet si mythique ne soit pas plus fournie. En réalité, Boyd Rice n’a pas que NON dans la vie, mais aussi de nombreux amis et amies (la belle Rose McDowall, Frank Tovey (aka FAD GADJET), Ralph GEAN, le légendaire Z’EV, les membres de DEATH IN JUNE, COIL, CURRENT 93…) ainsi que de nombreuses passions (la culture Tiki, le social-darwinisme, l’écriture, la bubblegum musique, les châteaux forts, Brigitte Bardot…).

Ce huitième album est une belle et voluptueuse réussite. Trop court selon moi pour une longue et hivernale immersion, le disque se laisse cependant écouter avec plaisir en boucle. Tous les titres qui le composent forment un magma sonore certes vrombissant mais très soyeux, bien différent dans la forme des textures plus rêches de Blood & Flame, par exemple. C’est presque une piste unique, moins la dernière qui fait figure d’outro.
Le résultat est saisissant : comme après le passage d’une bombe H sur le site des païens déjà bien irradiés par le précédent opus, Children Of The Black Sun est une sorte de drone filmant les restes fumants de la fin du monde, ou plutôt la fin d’un monde – celui des mortels.

Je reste cependant sur ma faim quant à la durée du voyage : ce type de musique-là, on aimerait qu’elle dure 79 minutes, au moins ; on aimerait s’y étaler un peu comme on le fait avec certains LUSTMORD, INADE ou RAISON D’ETRE.
Un album d’à peine plus de 30 minutes, c’est idéal pour un assaut sonore digne de ce que peut nous offrir de meilleur la scène noise ou grindcore. Mais c’est ainsi que l’ami Boyd l’a voulu.

C'est un disque étonnement accessible, à condition bien sûr de faire le deuil de toutes espérances.