Né à Guadalajara, Peso PLUMA - de son vrai nom Hassan Emilio Kabande Laija - s’est fait un nom très rapidement depuis le début de sa carrière en 2020. Et pour cause, son style unique mêle les éléments traditionnels de la musique mexicaine et des influences plus modernes allant du hip-hop à la dance. Si Peso PLUMA gagne rapidement en popularité, c’est en grande partie pour sa participation au renouveau des corridos tumbados, un genre devenu classique, réinterprété pour y intégrer la modernité de la trap et du hip-hop, faisant de lui le chanteur mexicain le plus écouté en 2023 sur Spotify.

Applaudi pour sa musique, Peso PLUMA est aussi une figure parfois controversée en raison des thèmes de ses chansons, souvent liés à la violence des cartels de drogue, un sujet sensible dans son pays natal mais qui est justement un des sujets de prédilection des corridos actuels. Néanmoins, le poids plume de la musique latine urbaine est indéniablement devenu un symbole de cette nouvelle vague, attirant l’attention internationale sur la musique régionale mexicaine.

Exodo, son quatrième album, sort pile à temps pour célébrer l’arrivée de l'été 2024. Le projet, en deux parties, qui reflète l’évolution musicale de l’artiste, met à l’honneur les influences de Peso, que ce soit la première partie composée de 16 titres presque entièrement en espagnol, sur lesquels il donne de la lumière à 15 artistes de la scène musicale mexicaine ; ou la deuxième partie où il fait intervenir des chanteurs internationaux.

La première partie s’appuie fortement sur ces corridos tumbados qui, malgré l’approche moderne, restent fidèles au dynamisme de la musique mexicaine ("Sr. Smith" ou "Belanova"), mais aussi à certains de ses éléments traditionnels comme l’utilisation de la trompette et de l’accordéon sur "Reloj", sur l’intense "14-14" ou le single "Rompe La Dompe". On n'y échappe pas, il y a bien des ballades aux instrumentations moins fournies, par exemple "Ice", "Solicitado" et "Bruce Wayne" en particulier, avec son piano doux, où le chanteur nous garde les oreilles bien rivées sur la piste grâce aux accélérations et aux décélérations de son flow.

Les bons titres pleuvent sur ce premier acte ; du single "La Durango" aux belles teintes de musique mexicaine, aux chansons plus émotionnelles comme "Me Activo" et "Hollywood", en passant par les sublimes "Santal 33", "Mami" ou encore le single "Vino Tinto" sur lequel Peso PLUMA donne la réplique à Natanael CANO, un autre pionnier des corridos tumbanos. Le band s’éclate et maîtrise ses instruments, en particulier les sections de cuivres qui claironnent une joie et une authenticité dont l’éclat est trop souvent absent des productions actuelles.

Le chant de Peso PLUMA est généralement mélancolique, on pense par exemple au corrido "La Patrulla" avec son trombone et ses guitares vives adoucis par une livraison vocale décontractée, mais il prend parfois une intonation brute de décoffrage, presque agressive sur le rap franc du single "La People II".

La deuxième partie du projet se pare de sonorités bien plus urbaines : on retrouve des basses lourdes dans les titres hip-hop tels que le single "Gimme A Second" et "Pa No Pensar" en featuring avec le rappeur QUAVO, ou sur le rythme syncopé de la trap mexicaine du single "Peso Completo". Le reggaeton n’est pas en reste grâce à des touches dansantes et festives qui contrastent avec le ton parfois sombre des corridos ("Mala", "Tommy & Pamela" et le single "Bellakeo" en duo avec la chanteuse brésilienne ANITTA). Le chanteur de 25 ans s’essaie aussi à l’électro du français DJ SNAKE sur le single "Teka" et présente une collaboration plus que réussie avec la rappeuse américaine CARDI B sur "Put Em In The Fridge" où leurs flows se rencontrent dans une cadence parfaite.

Si les mélodies de la deuxième partie d’Exodo sont accrocheuses, 'y’a pas photo', les chansons plus ancrées dans le style mexicain traditionnel et des corridos tumbados véhiculent une gravité et une profondeur émotionnelle dans une combinaison unique. Accessible et engageant, PESO PLUMA rend hommage à ses racines musicales qu’il parvient à élever vers un nouveau niveau. Sa musique reste le reflet et l’essence d’un Mexique moderne dont le paysage sonore régional est non seulement vivant mais aussi en constante évolution.