L’Erreur est l’unique album de l’éphémère combo CENTAURE, principalement composé de Jacques Monnier et Serge Folie, principaux compositeurs, ainsi que Didier Paquette, par ailleurs auteur la même année de l’album électronique Le Souffle Noir. Cet album contient sur une face quatre morceaux créés pour le film éponyme (absolument introuvable) d’un certain Jean Monnier et, sur l’autre, quatre compositions originales.

Le thème principal du film est une petite chanson nostalgique, musicalement valable, flanquée d’un texte pas déshonorant mais au demeurant très naïf, et interprétée plutôt maladroitement, à l’image de Genuine (1980), l’album de chansons pop-prog bancal.es de WAPASSOU. Ce petit thème est décliné en un mix instrumental ("Plein Soleil") hélas coupé avant la fin, et une version aux claviers seuls ("Espace Tranquille") aux allures de berceuse, pas mauvaise. Le morceau restant est "Flash-Back", une composition proche mais légèrement supérieure.

L’interprétation instrumentale, certes pas aidée par la production, est singulièrement mollassone, avec même quelques fausses notes au synthétiseur, par endroits. La section rythmique est transparente − j’ai rarement entendu un son de caisse-claire aussi faiblard −, Didier PAQUETTE se montrera nettement plus inspiré sur son album solo. On peut en dire autant des quelques interventions de guitare, malgré de jolis accords au E-Bow sur "Aspects Visibles". En définitive, ce sont les claviers qui prédominent sur L’Erreur, que ce soient le très présent piano acoustique, son homologue électrique (surtout sur "Espace Tranquille") de synthétiseur (très basique) ou encore le Mellotron de "Flash-Back".

Plus gênant, l’album est stylistiquement naïf. Le style rock progressif est revendiqué − c’est même écrit en intitulé de la seconde face − mais l’ensemble n’est absolument pas virtuose, ni même très élaboré. "+ L’Infinie" et "Aspects Visibles" commencent tous deux comme des ballades romantiques, comme "Flash-Back", avant d’enchaîner sur un développement plus rythmé, sur des accords de blues. "Introït" conclut l’album sur un fade-out qui sent l’inachevé. Pas de chance, c’est sur ce morceau moyennement composé que la batterie se manifeste enfin. Seul "Le 10e Pont De L’Angoisse" montre un semblant de pugnacité, sans pour autant casser la baraque.

CENTAURE est un bien faible représentant du rock progressif, ne faisant pas le poids face à HYDRAVION ou SAGA DE RAGNAR LODBROCK. Il ne vaut pas la peine de partir à la recherche de la rare édition originale.