Au bout de plus de vingt ans de carrière, Jake SHIMABUKURO continue de rayonner en tenant fièrement son ukulélé, instrument qu'il est parvenu à élever par son jeu au rang de la guitare électrique, tout en continuant de faire les albums qu'il veut et avec qui il veut. On repense notamment à son Jake & Friends en 2021, fait de duos sur des reprises blues-rock (BEATLES, Alvin LEE...) avec Sonny LANDRETH, Warren HAYNES mais aussi Ziggy MARLEY, Jon ANDERSON...

Cette fois, il s'agit d'un single et pas des moindres, en compagnie de Mick FLEETWOOD, batteur qui au bout de presque soixante années de carrière demeure indétrônable dans son statut de roi. Une reprise de FLEETWOOD MAC aurait peut-être semblé trop facile, mais mister SHIMABUKURO tient quand même à faire ressortir l'héritage pop des années 60 que FLEETWOOD a si bien su faire perdurer par la suite, en reprenant "A Whiter Shade of Pale" de PROCOL HARUM. Un des plus grands slows de la décennie concernée, rien de moins !

À travers ce qui demeure une reprise instrumentale, naturellement (bien que notre Hawaïen-Californien ait déjà fait intervenir des chanteurs à ses côtés), l'orgue Hammond mélodique et ronronnant d'origine, mythique, devient un orgue Hammond tout juste ronronnant cette fois pour laisser la place au ukulélé soliste, d'abord humble puis de plus en plus fourni. Avec ses sonorités tour à tour électrique et acoustico-classique, ses effets de mandoline à foison.

L'exercice apparaît sympathique mais, aussi, vite redondant et avec une tonalité rose-kitsch que même les slows de fin d'été kolé-séré n'ont pas toujours. Heureusement que (grand-)papa Mick FLEETWOOD est là pour jouer mieux de ses éléments les plus 'crème' (ces petits roulements tout légers pendant les couplets), pour rajouter de bons breaks sentis mais toujours dans le ton au moment des refrains...

Comme tout bon single à la façon de l'époque, il y a une face B qui est une autre reprise, à savoir "Rollin' and Tumblin'", blues d'abord enregistré par Hambone Willie NEWBERN à la fin des années 1920, rendu célèbre ensuite par Muddy WATERS puis le groupe CREAM. Un effort beaucoup plus intéressant et réussi que la reprise de PROCOL HARUM, avec non seulement de l'énergie aventureuse mais aussi une meilleure unité dans les choix d'arrangements par FLEETWOOD et SHIMABUKURO. Montée tribale, riff aérien qui se 'distord' par la suite, batterie roulante tout du long, son électro léger, belles nappes en résonances... Voilà qui remonte la moyenne et laisse espérer un disque plus complet de cet acabit !