Recherche avancée       Liste groupes



      
POST-ROMANTIQUE/SéRIEL  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ANTON WEBERN - L'integrale Des Oeuvres Pour Quatuor à Cordes (1995)
Par CORNELIUS le 16 Septembre 2024          Consultée 542 fois

Par un soir de septembre 1945 à Mittersill, dans les Alpes salzbourgeoises, un soldat américain, plein d’ardeur et de zèle, abattit de trois balles un homme qui fumait tranquillement son cigare quelques minutes, ou quelques secondes peut-être, après le couvre feu. Cet homme était Anton WEBERN.

Mais revenons en arrière, en 1904 plus exactement. Nous sommes toujours en Autriche, mais dans la bouillonnante capitale cette fois-ci, en présence d’un certain Arnold SCHOENNBERG, héritier légitime à la fois de MAHLER et de WAGNER, et inventeur du système sériel (ou dodécaphonique) qui, selon ses propres termes, (…) assurera la prépondérance de la musique allemande pendant cent ans.
C’est donc cette année-là qu’il fait la connaissance de celui qui deviendrait, en compagnie d’Alban BERG, son plus remarquable élève. En effet, après de très belles pièces de jeunesse où l’on sent encore toute l’influence de la grande musique allemande du siècle précédent, WEBERN applique, dés 1909, les principes de la Klangfarbenmelodie (mélodie de timbre), synthétisant au maximum sa pensée, comme atteint d’aphorisme musical selon l’excellente formule de Rebatet. Par là, il dépasse SCHOENBERG lui-même, rejoignant une sphère de plénitude aride où son tempérament religieux et solitaire trouvera sa juste mesure.

Ce disque, que l’on doit au Neues Leipziger Streichquartett, est presque exactement subdivisé entre un hommage au Romantisme finissant et un saut dans l’inconnu du nouveau monde dodécaphonique.
Le premier quatuor à cordes de 1905 est d’une facture tout à fait singulière, crépusculaire. Et en ce sens, toutes ses premières pièces pour cordes constituent comme un chant du cygne d’une certaine sensibilité typiquement germanique, un adieu au monde ancien ; adieu très chargé de lourde nostalgie, mais sans une trace du lourdingue pathos que l’on pourrait légitimement redouter. Notre compositeur, encore dans sa vingtaine, possédait déjà pleinement le très bon goût de la complète solitude musicale.
Puis viennent les étonnants, stupéfiants "Cinq Mouvements Pour Quatuor à Cordes, Opus 5" datant de 1909. Une œuvre frémissante, délicate comme de la soie et toujours proche de la désintégration. Ici notre concentration est littéralement bouleversée, sans parler de la conception-même que nous pouvions avoir de la musique moderne. Comment réagir face à cet enchantement fugitif, quasi fantomatique ? Cornelius en personne, pourtant fort habitué à l’étrangeté radicale en musique et ailleurs, peine à suivre.
Abrégeant de plus en plus, ponctuant des accords presque imperceptibles par d’inquiétants silences, WEBERN s’oriente, avec rigueur et méthode, vers l’ascèse mystique. Ce qui veut très concrètement dire que les dernières œuvres pour cordes ici réunies nécessitent un effort de concentration pour le moins surhumain – sans quoi elles passent comme un spectre non identifié par les radars ; comme un souffle légèrement inopportun.

L’avènement du National-Socialisme porte un coup très dur aux explorations d’Anton WEBERN. Bien qu’attiré par la promesse d’ordre et de discipline du nouveau régime, sa musique se voit classée dans la tristement célèbre catégorie 'art dégénéré'. Concrètement, on lui propose soit de cesser toute activité créatrice, soit un aller-simple pour un camp de concentration, ou alors de se remettre à composer de la musique pleinement tonale. Il choisit le complet silence et finit sa vie, comme son maître SCHOENBERG, à quelques milliers de kilomètres de là, pauvre et oublié de tous.
Ainsi finissent certains astres, dans les ténèbres ; mais c’est ainsi aussi que nous les retrouvons sous la forme ténue et si fragile de lumière au sein des ténèbres – comme des guides protecteurs dans l’impitoyable nuit prédatrice.

A lire aussi en MUSIQUE CONTEMPORAINE par CORNELIUS :


John ZORN
Magick (2004)
Zorn en robe de chambre




Steve REICH
Music For 18 Musicians (1978)
Music non stop


Marquez et partagez





 
   CORNELIUS

 
  N/A



- Andreas Seidel (violon)
- Tilman Büning (violon)
- Ivo Bauer (alto)
- Matthias Moosdorf (violoncelle)
- Frank-immo Zichner (piano)


1. String Quartet
2. Slow Movement For String Quartet
3. Rondo For String Quartet
4. Quintet For Strings And Piano
5. Five Movements For String Quartet
6. Heftig Bewegt
7. Sehr Langsam
8. Sehr Bewegt
9. Sehr Langsam
10. In Zarter Bewegung
11. Six Bagatelles For String Quartet Op.9
12. Mässig
13. Leicht Bewegt
14. Ziemlich Fliessend
15. Sehr Langsam
16. Ausserst Langsam
17. Fliessend
18. String Quartet Op.28
19. Mässig
20. Gemächlich
21. Sehr Fliessend



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod