Cet album cristallise la rencontre de deux musiciens finlandais: le batteur Simo Laihonen, batteur de jazz, membre notamment du trio BLACK MOTOR fort d’une dizaine d’albums depuis 2007, et le pianiste et chanteur Pasi Salmi ayant deux albums solo à son actif et ayant participé à quelques autres formations. Rauhan Ja Nautinnon Puutarhassa, signifiant à peu près 'Dans le jardin de la paix et du plaisir', est une improvisation en deux parties totalisant une demie-heure.

Difficile de classer définitivement cet opus, de par sa nature éclectique et spontanée, mais à l’écoute, difficile également de ne pas penser aux plus calmes opus de POPOL VUH: Hosianna Mantra (1972), les opus de la période 78-85, ainsi que le triptyque "Spirit Of Peace" par Florian FRICKE au piano solo. On peut éventuellement penser à certains passages du T.N.T. (1998) de TORTOISE. Rauhan Ja Nautinnon Puutarhassa est un album très atmosphérique, méditatif et particulièrement gracieux, reposant sur une pentatonie au rythme libre. Honneur est fait aux touches noires dans une osmose instrumentale particulièrement délectable.

La première partie décrit un crescendo appuyé par un synthétiseur monophonique et des chœurs à l’unisson très mystiques, renvoyant plus que jamais à POPOL VUH. À l’ouï de la densité sonore de ce passage, on peut aisément supposer que ç’eût été enregistré en plusieurs prises, mais le résultat est le même: une montée en puissance jouissive. La seconde partie, la plus longue, est son pendant calme, employant la même tonalité, presque les mêmes instruments — les chœurs se font épars et le synthétiseur s’efface —, et toujours une réverbération qui homogénéise le tout et fait de cette pièce un espace sonore, mais jamais au prix de la limpidité de la musique. Les enregistrements d’oiseaux ne sont pas nécessaires à une musique par ailleurs très évocatrice.

Il serait presque insultant de vulgairement reléguer cet album dans la catégorie New Age. Musiques Nouvelles, peut-être, pour éviter le terme Musique Contemporaine devenu trop vague, qui plus est pollué d’un torrent de bandes originales inconsistantes. Folk, pourquoi pas mais c’est un peu dangereux, dans le sens où cela impliquerait de relier cet album à un folklore particulier, ce que, en l’absence d’expertise et d’indications, je suis bien incapable. Jazz, pas forcément évident mais au vu du passif des deux musiciens, ça me semble être la meilleure option.