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JAZZ éLECTRIQUE / FUNK  |  LIVE

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 Guide Jazz (808)

Miles DAVIS - Live Evil (1971)
Par JUAN le 14 Janvier 2009          Consultée 6458 fois

Imaginons si vous le voulez bien ce Live Evil comme un grand repas auquel Miles DAVIS nous a invités, en compagnie de son groupe et de son fidèle producteur, Teo Macero (sujet qui tombe bien alors que j'écris ces lignes en pleine période de fêtes).

"Sivad" (anagramme de Davis) est une entrée très copieuse. Un bon foie gras musical par exemple. Un mets parfumé de groove et de wah-wah, servi avec de délicieux toasts que nous savourons avec plaisir, quand vient le moment inévitable où nous n'en avons plus. Et ce diable de Macero, occupé à parler bruyamment avec Miles, ne nous entend pas lancer l'appel désespéré du convive en manque, alors que lui-même trône fièrement près de la bannette si convoitée. N'est-ce pas cela qui arrive dans ce premier titre après trois minutes de funk intense, alors que la musique se coupe brutalement et glisse vers un univers radicalement différent? N'est-ce pas là l'oeuvre du diablotin Macero qui tranche dans le vif des bandes et nous offre ce regrettable découpage à plusieurs reprises sur ce disque? Enfin, passé ce moment de surprise, nous nous reprenons, saisissons la corbeille de pain devant nous. Pas de toasts, que du pain frais. Mais de toutes façon, le foie gras est bon, l'ambiance conviviale, et nous finissons par ne regretter que la brutalité du changement, et non la qualité de ce qui nous est offert.

On enlève ensuite les assiettes. Nous nous emparons alors de la bouteille de vin devant nous et remplissons notre verre. Tandis que nous goûtons le cru que Miles a sorti de sa cave pour l'occasion, nous en profitons pour observer nos convives. En face de nous, se tient un grand bonhomme aux longs cheveux blonds et à la barbe imposante. Ses couverts en main, il tape sur la table en rythme tout en sifflotant d'un air absent. "Little Church" murmure-t-il à la fin avec un accent brésilien très prononcé. A ses côtés, quelques personnes participent à une conversation animée. L'une est moustachue, assez discrète, porte un bonnet et tapote sur son assiette comme sur un piano. Une autre, le visage fin, les yeux cernés de lunettes rondes, fait virevolter ses doigts autour de la table en riant. Une dernière enfin attire encore plus l'attention puisque la seule à parler dans ce petit coin de table, mais peu de monde l'écoute. En fait, ce n'est que lorsque le maître de la cérémonie arrive et discute avec elle que les autres s'intéressent à ce débat néanmoins fastidieux.

Mais voilà qu'arrive le premier plat. Un indescriptible plat de viande, copieux, fort en goût. Toutes les discussions cessent immédiatement. Chacun reçoit une belle part, beaucoup de sauce et de garniture. Ce plat, c'est "What I Say", un délice funky lancé sur un rythme de batterie bestial, bien plus rock que jazz. Les invités se régalent, reprennent de ce plat monumental et vantent les mérites du chef et du maître de maison. Seuls les plus énergiques finissent la sauce dans un festin rythmique pour batterie seule.

Passé ce moment d'extase gastronomique, on retire à nouveau les couverts ; les verres se remplissent encore une fois. Une douce ivresse s'empare de l'assistance. Les conversations se font moins animées. Puis, un second plat arrive. Un poisson peut-être. Le souvenir est flou. Le même déluge de senteurs et de saveurs s'abat sur nous. Le même groove s'empare de nous. Le pilonnage de la batterie et de la basse, les ornements électriques du clavier, la verve enflammée de la trompette, essence même de cette musique organique, s'emparent de nous. Nous sommes comme fiévreux. En transe comme nous le sommes, nous ne nous apercevons même pas que le dessert est servi. Il nous semble même entendre le célèbre thème de Mission Impossible par-dessus le groove élastique au début de "Inamorata", c'est dire notre état. Le reste de la soirée est obscurci par la digestion difficile de ce copieux repas.

Le lendemain, nous essayons pourtant de comprendre et d'analyser ce festin. Nous nous rappelons vaguement que l'homme que nous avions vu parler seul au milieu du repas jouait de la guitare. Pas très convaincant d'ailleurs. Nous trouvions surtout que sa prestation n'apportait pas grand-chose. En revanche, le maître de maison était excellent, lui. Très présent, très énergique, cela faisait longtemps que nous ne l'avions pas vu en si grande forme pour jouer de sa trompette.
Nous n'avons pas oublié non plus que le repas était découpé en deux parties : l'une, très calme, presque méditative, s'intercalait entre les autres morceaux, d'une vivacité incroyable, comme les digestifs après un bon plat. L'une des meilleures soirées live de Miles DAVIS, nous en convenons. Seul bémol ou presque : le carton d'invitation, très beau recto rappelant Bitches Brew, immonde verso.

Un excellent festin, furieusement funk, flamboyant et d'un faste fascinant.

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   JUAN

 
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- Miles Davis (trompette)
- Gary Bartz (saxophone alto et soprano)
- Keith Jarrett (piano électrique, orgue)
- Michael Henderson (basse)
- John Mclaughlin (guitare)
- Jack Dejohnette (batterie)
- Airto Moreira (percussions)
- Invités (studio :)
- Wayne Shorter (saxophone soprano)
- Steve Grossman (saxophone ténor)
- Herbie Hancock (piano électrique)
- Chick Corea (piano électrique)
- Joe Zawinul (piano électrique)
- Ron Carter (contrebasse)
- Dave Holland (basse, contrebasse)
- Billy Cobham (batterie)
- Khalil Balakrishna (sitar)
- Hermeto Pascoal (batterie, percussions, piano électrique, voix)
- Conrad Roberts (narrateur)


1. Sivad
2. Little Church
3. Medley: Gemini/double Image
4. What I Say
5. Nem Um Talvez
6. Selim
7. Funky Tonk
8. Inamorata And Narration By Conrad Roberts



             



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