Cet unique album du groupe DEMON & WIZARD originaire de Reims est l’un des plus recherchés et cotés du catalogue Le Kiosque d’Orphée. Rarissime (100 exemplaires pressés), l’édition originale atteint plusieurs centaines d’euros, voire dépasse parfois le millier. L’album a également plutôt bonne réputation auprès des amateurs de musique électronique.

Evil Processor est un album difficile à classer : alternant électronique et guitares, sans être vraiment progressif, oscillant entre une électronique minimaliste ("Prologue", "Trip To Hell", "Cerbere", "Shakin’ The Gates Of Hell") et une folk outsider ("Evil Possessor", "Medieval Holocaust", "Faust Revival", "Black Witch", "Mrs Peller", "Epilogue") avec ou sans l’appui du synthétiseur.

Sans vouloir être INGRAT, à l’écoute de cet album, je m’interroge franchement sur son statut culte. Le son et la production sont bruts de fonte, ça on pouvait s’y attendre, mais ce qui pénalise vraiment ce disque est son interprétation mollassonne et approximative, à commencer par le chant complètement faux des deux 'chansons' "Black Witch" et "Epilogue". On distingue encore des décalages rythmiques ("Evil Possessor", "Epilogue"), des fautes d’harmonie ("Evil Possessor", "Trip To Hell") ou d’accordage ("Trip To Hell"), et des défauts de mixage (le lead électronique de "Faust Revival" beaucoup trop poussé en avant). On ressent clairement les limites techniques du groupe, et ce n’est pas qu’une question de budget. C’est certes moins grave pour de la musique calme et contemplative comme sur cet album que pour du rock comme chez SELMI’S (cf. Beginning, 1974), mais ça suffit à casser complètement l’ambiance de l’ensemble.

Les compositions sont jolies mais peu mémorables, certes pas aidées par l’interprétation faiblarde. De cet album, je retiens avant tout "Shakin’ The Gates Of Hell", intéressant mélange planant d’électronique et de guitares avec effets, à la structure musicale libre mais non absente, rappelant agréablement le premier VERTO ou les débuts de HELDON.

Evil Possessor est un projet dilettante mais ce n’est pas le pire dans le genre (cf. MEISENFLOO). De tous les one-shot expérimentaux du label le Kiosque d’Orphée, Evil Possessor n’est clairement pas le meilleur. Je recommande plutôt Visions Of Sodal Ye (1976) de MAR-VISTA.