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1970 Affinity

AFFINITY - Affinity (1970)
Par K-ZEN le 5 Octobre 2024          Consultée 175 fois

Tel un sépia venant du passé.

Car oui, ce cliché plutôt austère utilisé en guise de jaquette transmet nostalgie et introspection à travers son personnage central féminin regardant la surface d’une eau calme sans que l’on ne puisse distinguer ni regard ni visage. Une ombrelle complète un équipement d’où ne s’extrait qu’une robe richement colorée, typiquement psychédélique. De mauvaises herbes rougeoyantes attirent également l’œil, symbolisant un temps qui passe impitoyable, parvenant même à ronger la pierre. Les arbres sont automnaux, non fleuris. Le ciel est maussade, un soleil malade le jaunissant timidement. L’hiver, peuplé de cygnes, sera sans doute rigoureux. Juste au-dessus de notre héroïne, ces lettres formant un mot. Affinity. Un groupe qui malgré sa courte vie, réussit à compiler succès et popularité en Angleterre, sa patrie d’origine.

AFFINITY se forme autour d’un triumvirat de scientifiques ! Délaissant leur physique, maths et chimie qui ne les comble pas entièrement, le pianiste Lynton NAIFF, le batteur Grant SERPELL et le bassiste Mo FOSTER se réunissent après diverses expériences musicales. Ils recrutent la chanteuse Linda HOYLE, alors étudiante en vue de devenir professeur d’anglais, que la DJ Anne NIGHTINGALE désigne comme la voix qui rencontrera sans nul doute le succès en 1970. La formation acquiert sa composition stable avec l’arrivée du guitariste Mike JOPP, que l’on avait aperçu remplaçant Jeff BECK chez les TRIDENTS suite au départ de ce dernier vers les YARDBIRDS.

La formation ambitionne de s’inscrire dans un nouveau courant alors en plein boom. Jazz-rock ? Oui, enfin pas exactement, du moins pas tel que le pratiquaient le MAHAVISHNU ORCHESTRA ou Miles DAVIS via ses fresques – qu’AFFINITY reprendra d’ailleurs via "All Blues" lors d’une session pour la BBC – mais plus dans l’esprit de COLOSSEUM ou des groupes de rock cuivrés tels les pionniers BLOOD, SWEAT & TEARS ou CHICAGO.

Leur première scène le 5 octobre 1968 au Revolution Club lance une période faste : AFFINITY multiplie les concerts au point que Linda en perd sa voix. Ils obtiennent une résidence au Ronnie Scott’s Club, y côtoyant les grands noms du jazz traversant l’Atlantique comme Stan GETZ et obtenant même du patron impressionné qu’il devienne leur manager. Leur ascension se poursuit avec une tournée européenne, l’enregistrement d’un titre en vue d’orner une publicité et une signature sur le fameux label progressif Vertigo, leur ouvrant les portes du studio.

AFFINITY sort ainsi en 1970 son inaugural album éponyme. Sur les sept chansons proposées, seules deux s’avèrent être des compositions originales : le menaçant "Three Sisters" empruntant lyriquement à Macbeth et exposant l’intéressant travail d’un John Paul JONES aux arrangements de cuivres et "Night Flight" déployant des influences variées allant bien au-delà du jazz-rock, jusqu’à la folk méditative ou la scène Canterbury.

Ailleurs des reprises donc. "I Wonder If I’ll Care as Much" que l’on doit aux EVERLY BROTHERS se fait plus pop grâce à cordes et clavecin, colorant le résultat d’un aspect baroque certain. "Cocoanut Grove" revisite LOVIN’ SPOONFUL sur une pièce très cinématographique et ensoleillée via cette flûte bondissante. Mais "All Along the Watchtower" est bien évidemment la pièce maîtresse de la plaque du haut de ses onze minutes. Une relecture finalement pas si charmante que cela, le monumental solo d’orgue et les vocaux appuyés de HOYLE renforçant cet aspect solennel vivace et faisant disparaître l’image de cette plage qui gagnait peu à peu notre esprit.

Malgré les critiques élogieuses dont il fait l’objet, le disque ne se vend pas et la formation fait face à des problèmes d’argent qui accentuent les tensions internes notamment entre NAIFF et HOYLE comme le rapporte FOSTER dans son autobiographie. Leur dernier concert se passe le 1er février 1971 alors qu’un second album et une tournée américaine étaient prévus. Linda annonce ensuite en grandes pompes quitter groupe et industrie de la musique mais enregistre pourtant un album solo qui confirmera sa première envie de break.

AFFINITY nous offrira un ultime rebondissement avec une tentative de reformation comprenant la chanteuse Vivienne McAULIFFE mais le projet ne tiendra que quelques mois, confronté à d’insolubles problèmes. Reste cet album-testament, un one-shot comme il y en eut des dizaines dans ces années et manifeste d’une époque où les barrières sautaient allègrement, permettant de conjuguer jazz et rock au service d’une vision neuve.

Tel un sépia venant du passé.

3.5/5 arrondi à 4.

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- Linda Hoyle (chant)
- Lynton Naiff (piano, orgue, clavecin, vibraphone, percussion)
- Mike Jopp (guitare électrique, acoustique et 12-cordes, percu)
- Mo Foster (basse, contrebasse, percussion)
- Grant Serpell (batterie, percussion)
- +
- John Paul Jones (arrangements de cordes et cuivres)
- Chris Hughes (arrangements de cuivres)


1. I Am And So Are You
2. Night Flight
3. I Wonder If I’ll Care As Much
4. Mr. Joy
5. Three Sisters
6. Cocoanut Grove
7. All Along The Watchtower



             



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