Le nom de Suki WATERHOUSE ne vous est peut-être pas familier. D’abord mannequin, la Britannique fait ses débuts au cinéma, il y a dix ans, dans des productions hollywoodiennes et indépendantes. On se souvient d’elle au clavier pour son rôle récent dans l’adaptation Daisy Jones & The Six où elle brille à l’écran, mais la jolie blonde a aussi commencé à se faire une place dans l’industrie musicale depuis 2016.

Memoir Of A Sparklemuffin est son deuxième album studio, publié mi-septembre 2024 alors qu’elle vient tout juste de devenir maman pour la première fois. Suki ne s’est pas lancée dans la musique que pour profiter de sa popularité. Il y a une véritable vision artistique derrière ce qu’elle propose. Elle évolue dans un registre principalement indie-pop, avec des sonorités teintées de folk et d’influences rétro qui collent à merveille à son style mélodique et rêveur.

L’ambiance un peu sombre de "Gateway Drug" ouvre l’album avec des passages instrumentaux rock plutôt planants sur lesquels la voix éthérée de la chanteuse est superbement mise en valeur. Ca commence donc franchement bien ! Parmi les titres les plus dynamiques du projet, il y a les singles "Supersad", "OMG" et "Blackout Drunk" aux percussions plus présentes, mais aussi "Big Love" et "Nonchalant" qui tendent davantage vers un soft-rock léger où les émotions se distinguent toujours aussi bien.

Suki balance un bon nombre de morceaux plus lents, plus délicats comme "Lawsuit", "Could’ve Been A Star", "Faded" avec ses cordes orchestrales ou encore "Helpless" et "Everybody Breaks Up Anyway" dont les pianos feutrés mais puissants forment une toile de fond un peu plus minimaliste.

Ses textes, empreints d’une vulnérabilité sincère et son style vocal ne sont pas sans rappeler certains artistes dont on ressent clairement l’influence. Lana DEL REY par exemple sur le sublime "Legendary" (I crossed the seas into the oceans/And my ship wrecked into you/Now I see the world through red emotions/How’d you take away the color blue?), sur la ballade onirique "Lullaby" ou dans "Model, Actress, Whatever" (My delusions followed me, haunted me, honestly/All of my dreams came true/The bigger the ocean, the deeper the blue/Call me a model, an actress, whatever).

L’ambiance bien mélancolique du titre final "To Love" me fait aussi penser à MAZZY STAR et ce n’est pas pour me déplaire. Suki y capture une nostalgie douce-amère de sa voix douce, en particulier lors du bridge - l’un des meilleurs de l’album - c’est beau, c’est simple et désarmant à la fois (I thought I’d never got to feel another fucking feeling/But I feel/This love, this love, this love).

Il y a aussi la vibe 70’s psychédélique qu’on retrouve dans "Think Twice", "To Get You" et le très chouette "My Fun" où l’esthétique dream pop intègre des éléments rétro et contemporains tout en subtilité. Relativement nouvelle dans le paysage, Suki nous dévoile cependant une identité sonore intime et atmosphérique vraiment cool, avec des guitares acoustiques et des synthés vibrants qui nous invitent à ralentir et à ressentir.

Si vous n’avez pas encore plongé dans l’univers de Suki WATERHOUSE, c’est le moment idéal. Memoir Of A Sparklemuffin donne lieu à une petite heure de déconnexion qu’on ne voit pas passer et qui ne manquera pas de captiver ceux qui ne l’ont pas encore découverte. Mannequin, actrice, peu importe. L'album de la chanteuse de 32 ans, qui incarne parfaitement l'image d’une artiste polyvalente, indépendante et sacrément talentueuse, mérite un très bon 4.