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DARCY - Tout Est à Nous (2024)
Par GEGERS le 18 Octobre 2024          Consultée 351 fois

Troisième album de DARCY, Tout est à Nous est l'expression d'une colère qui ne porte pas de nom, comme cette figure féminine combattante qui orne sa pochette, à travers laquelle le groupe a souhaité rendre hommage au célèbre tableau "La Liberté guidant le peuple" d'Eugène Delacroix. Malheureusement, elle ne porte pas non plus de motif. Pour trouver une analogie télévisuelle au contenu de cet album, nous pourrions dire qu'il s'agit d'un équivalent musical du "On en a gros" de la série Kaamelott. La colère est exprimée, mais sans fondement. C'est pourtant une colère saine, à l'heure où les chemises brunes avant de plus en plus à visage découvert en Europe.

Résolument punk, plus encore que sur son précédent album, Tout est à Nous voit DARCY proposer une musique qui s'inscrit parfaitement dans les codes du punk-metal, agrémentée de quelques sonorités hardcore ("La Bagarre"), et qui bénéficie d'un gros son apporté par le travail de mixage du réputé Fred Duquesne (MASS HYSTERIA, TAGADA JONES). Muscles saillants, le punk ici présenté est sans concessions, concis et particulièrement efficace, agrémenté de chœurs souvent imposants, qui jouent parfois un rôle véritablement déterminant, ce qui est notamment le cas sur "Rien à Perdre", un des meilleurs moments de l'album, ou encore sur "Poings en l'air", dont la mélodie introductive tire certainement son inspiration du côté de chez The OFFSPRING tant les similitudes sont flagrantes. Le chant écorché, volontairement sali, d'Irvin apporte une touche de rugosité supplémentaire bienvenue, mais aussi lassante, l'artiste ne proposant guère de nuances permettant de mieux mettre en valeur ses points forts. Un groupe à bloc, donc.

Et si le groupe chantait en anglais, il est fort probable qu'on se laisserait séduire par cette formule qui fonctionne fort bien, et donne matière à satisfaire les amateurs de punk-metal. Seulement voilà, DARCY écrit dans la langue de Louise Michel, et nous donne à nouveau un bien faible contenu textuel. En effet, là où l'anarchie nomme ses ennemis (l'autorité, sous toutes ses formes, l'Etat, à travers les institutions), le groupe breton reste flou et ne s'engage jamais. Il cible vaguement la police ("Tout est à nous" ), un peu les fachos ("Ca va chier", "Pour la rage"), un peu les curés ("Pour la rage"), les cibles habituelles et évidentes. En réalité, le groupe ne nomme jamais vraiment ses cibles et les désigne par des "ils", des "eux", qui créent un amalgame volontaire. Le groupe exalte une insurrection sans fondement, et grappe dans des sacs de sable. A l'image d'un boxeur qui s'entraîne sans jamais livrer de combat : l'effort est à saluer.

C'est dommage, car en l'état du monde actuel, il y aurait largement sur qui taper. Naturellement, nous savons évidemment de quel côté penche le cœur du groupe, mais ce côté non assumé nous donne un peu l'impression d'écouter une bande d'ados en rejetant la société, sans savoir en formuler les raisons profondes. En interview, le groupe déclare : "Toute démarche qu'on entreprend musicalement est politique", mais il n'y a décidément rien de politique sur "Rien à perdre", dont le texte est une pâle copie et une redite maladroite de l'éternel "Antisocial" de qui vous savez.

Se réclamant des Bérus (sur le morceau "La Terreur"), DARCY aurait pu néanmoins prendre le temps de mieux écouter "Le Manifeste", qui résume en quelques strophes tout ce que le groupe peine à chanter péniblement sur cet album. Lorsqu'il aborde des sujets plus personnels, à l'image de "Tsunami", l'album se fait moins nigaud. Il en va de même sur les morceaux écrits à la gloire du groupe est des concerts ("La Bagarre", "Enragés" et sa punchline "Si on joue fort, c'est pour tuer le silence"), qui ne sortent pas des sentiers balisés inhérents au style pratiqués, mais on le mérite de ne pas agacer l'auditeur par des faux-fuyants. "La fin", qui clôture l'album, vient même à nous surprendre ave des sonorités plus mélodiques et quelques cordes orchestrées.

"Ensemble la lutte peut être une fête" chant DARCY sur le morceau "Solution". De lutte nous n'en voyons guère, de fête encore moins. Avec son anarchisme fait de bric et de broc, dénué de tout fondement et d'utopie, le groupe passe à côté de son sujet, et parvient tout juste à se raccrocher aux branches grâce à des sonorités punk mordantes et aguicheuses, qui ne laissent guère de traces après leur écoute, mais qui se révèlent plaisantes sur le moment. Les amateurs du précédent album de la formation seront ici aux anges, car le groupe porté par un mixage aux petits oignons se fait musicalement au poil. Si vous cherchez du fond, passez votre chemin.

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   GEGERS

 
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- Clément Darcy (batterie)
- Irvin Darcy (chant)
- Ikare Vancasso (guitare)
- Marc Corlett (basse)


1. Tout Est à Nous
2. La Terreur
3. Poings En L’ai
4. Tsunami
5. Ce Soir ça Va Chier
6. Rien à Perdre
7. La Bagarre
8. Enragés
9. Interlude
10. Plus Rien à Foutre
11. La Fin



             



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