52 printemps au compteur, Busta RHYMES a marqué la période charnière 90-00’s mais le légendaire rappeur américain n’a pas l’air prêt à s’arrêter de si tôt, même s’il a bien ralenti le rythme depuis.
Blockbusta sorti fin 2023 est le onzième album au compteur et, si on en croit la pochette, Busta va tout faire péter, mais surtout tenter de prouver sa pertinence en collaborant avec une flopée d’artistes de la nouvelle génération.

RHYMES met le rap féminin à l’honneur sur deux singles : "Beach Ball" avec BIA où l’ambiance trap est aussi chill que légère, et "Luxury Life" avec Coi LERAY sur laquelle les deux artistes démontrent une alchimie très sympa. Beaucoup de featurings, souvent sans grande portée pour Busta ; par exemple "The Hive", "Legend", "If You Don’t Know Now You Know Pt.2", un remix de sa propre chanson ou "The Return Of Mansa Musa" qui sample Mickael JACKSON dans un espèce de grand n’importe quoi. Oui, l’énergie est là mais RHYMES en oublie d’être original.

Fidèle aux habitudes du genre, Busta et ses guests poursuivent l’utilisation des samples dans "Could It Be You" dont la vibe R&B et le beat planant passent assez bien, ou en reprenant "Gangsta’s Paradise" sur "Stand Up", un duo qui mêle la drill au dancehall avec le rappeur anglais Jnr CHOI.

L’ambiance du single "Legacy" est plus posée, grâce à des claviers simples et efficaces, mais on y entend un peu trop d’auto-tune. Idem du morceau "Roboshotta" avec le chanteur nigérian Burna BOY et produit par Pharrell WILLIAMS. Pourtant, on s’aventure dans des sonorités afro-beat plutôt intéressantes et le beat est explosif, de quoi nous rappeler que Busta n’a rien perdu de sa fabuleuse intensité.

RHYMES retrouve son pote Chris BROWN sur "Open Wide", leur neuvième collaboration et c’en est une qui ne présente pas grand intérêt. Quand Busta pose sur l’instru trap de "Homage", il perd un peu de son éclat, mais le retrouve sur le single "OK" ou sur "Big Everything" qui fait rudement penser à ses succès passés. Le rappeur montre sa maîtrise du rythme et de la cadence sur le beat accrocheur du duo "Remind ‘Em" avec QUAVO. Busta maîtrise son flow sans effort, comme à l’époque, ça fait plaisir à entendre.

Beaucoup de featurings, même si l’exercice est commun dans l’univers du hip-hop, 15 titres sur 19, c’est tout de même un peu trop pour moi. Parmi les rares morceaux en solo, deux sont produits par TIMBALAND : "The Statement" et "Hold Up", les beats sont aériens mais denses, laissant la place à Busta pour dégainer son style saccadé et percutant. L’ambiance est plus cool sur "Tings", une track produite par Pharrell, mais elle n’en est pas moins puissante et moderne alors que "Slide" part même sur un rythme jazzy mixé à un beat old school. C’est inattendu et ça a davantage de charme qu’un bon nombre de featurings proposés sur cet album.

Trop de featurings tue le featuring, comme dit le dicton, et cela donne un Blockbusta dont la qualité des chansons est assez inégale. Heureusement, certains morceaux se démarquent bien et il faut reconnaître que Busta RHYMES sait s’adapter aux tendance et à un nouveau public sans sacrifier son style emblématique. Le rappeur est aussi enjoué qu’à ses débuts : il essaie, se plante parfois et brille suffisamment pour continuer à satisfaire ses fans de longue date. Dans tous les cas, quand on jette un oeil à tous ces artistes qui ont répondu présents, on se dit que Busta reste bel et bien une figure toujours aussi respectée dans l’industrie du hip-hop, un vrai classique du genre.