INSCIR TRANSIT EXPRESS est l’une des formations rock amateures ayant eu l’occasion d’être publiées grâce au Kiosque D’Orphée. Le quintette doit son nom à l’Institut National Supérieur de Chimie Industrielle de Rouen, où les cinq musicos étaient alors étudiants. Répétant régulièrement au sein-même de l’établissement et jouant des reprises de rock à l’occasion en bar ou en boum, la formation finit par mettre en boîte un album en un après-midi, le 17 février 1977.

Le programme est pour le moins alléchant : cinq morceaux, dont un "Cipangu" de dix-sept minutes, ça augure au choix d’un rock progressif épique ou d’une improvisation de style Krautrock. À l’écoute, ça n’est ni l’un ni l’autre, mais plutôt un rock situé quelque part entre garage et psychédélique, avec une part d’improvisation, comme une lointaine réminiscence du premier SWEET SMOKE. L’écriture est souvent linéaire, mais quelquefois le groupe lâche la bride et des morceaux de bravoure voient le jour : le jeu de guitares de "Strings Of My Life", les ruptures de "Enjoying My Ears" et le long chorus de batterie occupant la seconde moitié (et plus si affinités) de "Cipangu" qui dure la bagatelle de douze minutes, soit plus que chacun des quatre autres morceaux. Le reste, sans être désagréable, est plus convenu.

Quant à l’interprétation, elle est un peu difficile à cerner : le jeu global du groupe est assez vigoureux, en particulier le batteur très volubile et le guitariste mélodique qui lâche de bons soli, mais plombé par certaines maladresses telles une section rythmique parfois peu régulière, la guitare rythmique souvent faiblarde, voire désaccordée sur "Eastern Wave" (la seule chanson de l’album), ou l’orgue criard au début de "Keyboard’s Dream", le tout pas franchement aidé par un son brut de décoffrage. On sent également le groupe fébrile et peu assuré sur le premier tiers mélodique de "Cipangu" qui en fin de compte vaut surtout pour le solo de batterie.

Alors voilà, on est donc constamment balancé entre la bonne volonté du groupe et les couacs récurrents de l’interprétation. Cela donne l’étrange impression d’un groupe tour à tour dynamique et poussif. L’album est réédité en vinyle en 2012 par le label italien Mellotron Records, et la dernière piste "Cipangu" figure sur la compilation consacrée par Born Bad Records au 'label' Le Kiosque D’Orphée ayant fait presser l’édition originale qui désormais coûte des cents et des milles. Le guitariste Luc Vandewalle fondera un peu plus tard le groupe EOLE, lequel publiera en 1979 le 45-tours Friendship / Sweet Rock’Eole, toujours chez Le Kiosque D’Orphée. La chanson "Frienship" (également compilée par Born Bad) est dans la même veine que "Eastern Wave", et "Sweet Rock’Eole" reste encore introuvable.

2 ½ sur 5