Ah le punk-rock à roulette, la 'sique de mon enfance, emblème de ma jeunesse. L'étendard que j'exposais fièrement devant les potes pour faire genre que j'étais "in", que j'avais la classe en tant que rebelle... Vous savez c'que c'est hein ! Saleté d'âge bête... C'est simple, tous les groupes que j'écoutais à l'époque, je les trouve méprisables aujourd'hui (Sum41, Nickelback, Good Charlotte et autres saloperies). Tous sauf trois. Green Day et Blink182 d'abord, Offspring ensuite. Mais alors que les meilleures galettes des deux premiers m'ont lassé et ne m'inspirent plus que du respect, celles du second m'emplissent toujours de la même folie destructrice maintenant doublée d'une inénarrable mélancolie... Pour être tout à fait honnête, Offspring, avant qu'ils ne déconnent sur Conspiracy Of One et Splinter (faux rejetons indignes de leur talent), était mon groupe préféré.

Par conséquent, et malgré ses deux dernières sorties, j'avais toujours bon espoir de voir le groupe remonter la pente et revenir à la source. Car soyons clairs, Offspring c'est un peu comme le Maiden ou l'AC/DC du punk-rock, ils ne sont bons qu'en continuant inlassablement dans la même direction, sur la même ligne, et l'innovation on peut se la foutre au c**.
Et pourtant, pourtant, ô surprise, "Rise And Fall, Rage and Grace" est à moitié innovant.
"A moitié innovant, comment peut-on être à moitié innovant ?" se demande le lecteur incrédule. C'est simple, les Offs innovent dans le sens où ils ne font plus la même chose tout au long de l'album, et n'innovent pas dans le sens où ils ne font que pomper leurs contemporains du même style. Problème, la scène punk-rock-business contemporaine n'a aucun intérêt et cet album n'est, ô tristesse, qu'un malheureux et catastrophique singeage du maître sur les élèves ; j'énumère rapidement :

*Green Day sur le morceau titre et "Fix You" (respectivement calqués sur "American Idiot" et "Wake Me Up When September Ends").
*Good Charlotte sur "Kristy are you doing okay" (les accords typés).
*Blink sur "Kristy are you doing okay" (les vocaux cette fois).
*NoFX sur "Let's Hear It For Rock Bottom" (tout le morceau).
*Linkin Park sur "A Lot Like Me" (en mieux quand même, faut pas déconner).
*Sans oublier Offspring lui-même qui verse dans l'auto-parodique sur "Trust In You" ("Nitro" + "Have You Ever"), "Takes Me Nowhere", "Nothingtown" et "Stuff is messed up" (le trip stupide habituel, dans la lignée des "Me And My Old Lady" ou "Why Don't You Get A Job", en moins bien).

A part ces 9 titres (sur 12 au total) qui voguent entre le médiocre et le ridicule, le groupe s'en sort plutôt bien. D'abord, "Half Truism" est un morceau acceptable, écoutable au moins 5 ou 6 fois par jour, "You're gonna go far, Kid" est largement sauvée par son refrain, "Hammerhead" enfin est le meilleur titre de l'album. Un single genre "Kids Ain't Alright" bien furieux et jouissif... Encore de l'auto-pompage (sur le refrain surtout), mais sur ce coup, dur de leur en vouloir.

Bon, que dire de plus ? Oui, Offspring vient de se rater totalement. Alors bien sûr, cet album est audible, voire agréable (c'est inhérent au talent du groupe), et va jouir d'un large succès commercial, mais est un gigantesque foutage de gueule et surtout signe carrément la mort d'un combo qui fut grand comme ça. Qui n'arrive plus à gérer son succès, se perd entre l'envie de bien faire et celle de bien vendre, puis manque tout simplement d'inspiration. Et moi, la fin d'une icône musicale pareille, ça me rend triste. Alors je me remets "Smash", histoire de me rappeler une fois de plus au bon souvenir de mes années collège et je dis merci les gars, merci pour tout. Dans 30 ans, je vous écouterai toujours.

R.I.P. Offspring, plus grand groupe de punk-rock de l'histoire. 19 avril 1994 - 16 Juin 2008.