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1989 The Offspring
1992 Ignition
1994 Smash
1997 Ixnay On The Hombre
1998 Americana
2000 Conspiracy Of One
2003 Splinter
2008 Rise And Fall, Rage A...
2024 Supercharged

The OFFSPRING - Supercharged (2024)
Par GEGERS le 1er Novembre 2024          Consultée 372 fois

Nous sommes à la fin des années 90. Dans nos boums de jeunes adolescents, les murs tremblent et suintent au son de "L'Apologie" de MATMATAH, de "La Tribu de Dana" de MANAU et de "J't'emmène au Vent" de LOUISE ATTAQUE. Et puis, comme une déflagration, THE OFFSPRING débarque et vient bousculer tout ce petit monde. "Pretty Fly For a White Guy" tout d'abord (me semble-t-il), et puis "The Kids Aren't Allright" comme une évidence, qui transforme notre énergie boutonneuse en une fureur débridée. La bande-son du siècle finissant. Dans mes souvenirs, il n'y aura guère ensuite que "Toxicity" de SYSTEM OF A DOWN en 2001 pour venir secouer avec la même vigueur nos connexions neuronales encore en construction.

Avec OFFSPRING, je pensais que ce serait pour la vie. Conspiracy of One, bien que dans un degré moindre, était parvenu à émuler ce sentiment de première fois, cette impression que rien ne serait comme avant. Alors que Splinter marquait le pas et le début d'une longue période de silence, il nous restait de quoi nous sustenter, et de quoi piocher dans le catalogue des Américains pour savourer, et redécouvrir à loisir une musique qui, tout en nous remuant les tripes, parlait de plus en plus à nos cerveaux plus alertes. Car il y a chez OFFSPRING cette saveur douce-amère d'une Amérique qui, se regardant le nombril, trouve au fond de cette cicatrice originelle nombre de choses peu ragoutantes.

Le temps a passé, et le punk de nos années adolescentes semble être de nouveau en odeur de sainteté. Alors qu'un nouveau Warped Tour est prévu pour 2025, que GREEN DAY et BLINK-182 parcourent la planète, que SUM 41 balance des albums-double, il était évident que Noodles et ses copains ne pouvaient pas rester étrangers à la fête. Après tout, s'il existe un royaume du skate-punk, les OFFSPRING en sont les souverains. Ainsi, trois ans seulement après son précédent album (20 ans que le groupe n'avait plus fait preuve d'une telle rapidité), la formation balance une orgie musicale d'à peine plus de 30 minutes, qui recrée sans effort l'énergie qui habitait le groupe lors de ses jeunes années. Le résultat n'est pas particulièrement surprenant, mais reste tout de même très impressionnant.

Produit par Bob Rock, qui enchaîne une série de quatre LP réalisés en collaboration avec le groupe, Supercharged est un album au titre très à-propos. Pas d'expérimentation, pas de "Dirty Magic" ou de "Gone Away", THE OFFSPRING cherche ici l'efficacité et la concision. Pour cacher l'âge qui avance, le groupe se jette à corps et à cri dans le renouvellement d'une formule qui a fait son succès. Tant pis pour la subtilité, tant pis pour l'originalité, ce nouvel album (le premier enregistré avec le bassiste Todd Morse en tant que membre officiel, et avec le batteur Brandon Perzborn, qui se partage ici la tâche avec Josh Freeze), est un uppercut dans un gant de velours.

"Looking Out For #1" lance les festivités avec ses ambiances volontairement juvéniles, qui rappellent "Original Prankster" et l'époque Conspiracy Of One. Dexter Holland propose ici un punk naïf, un peu puéril et très mélodique, qui nous ramène vingt-cinq ans en arrière. Si les albums récents nous avaient permis de savourer la capacité du groupe a continuer de sonner "frais" malgré le poids des ans, ce constat est ici particulièrement vrai : THE OFFSPRING sait flatter notre sentiment nostalgique tout en restant au niveau et en évitant d'émuler vainement un passé révolu : Ce morceau est réussi, non pas pour les bons souvenirs qu'il nous rappelle, mais pour ce qu'il est tout simplement.

"Light It Up", de la même manière que "Truth In Fiction" un peu plus loin sur l'album, s'orientent vers une facette un peu plus sombre et moins accessible du groupe, rappelant le morceau "Session" et plus globalement l'album Ignition. "J'ai une fusée dans le dos", répète Dexter sur "Light It Up". Et ce n'est pas ici une déclaration fallacieuse : le groupe a bouffé du lion, et le prouve avec "The Fall Guy", titre skate-punk au chœurs gros, réminiscent de l'époque Americana.

"Make it Allright", le tube évident (meilleur néanmoins que les récents "Cruising California" ou "Let the Bad Times Roll"), arrive presque comme un cheveu sur la soupe après cette débauche d'énergie. On le préfère néanmoins à "OK But This Is The Last Time", titre plus posé, sauvé par un refrain très accrocheur, qui renvoie néanmoins THE OFFSPRING dans la catégorie des "suiveurs" et nuisent un peu à l'image du groupe. La présence d'une discrète section orchestrale en fin de morceau ne lui permet pas pour autant de passer l'épreuve du feu.

Le dernier tiers de l'album remonte néanmoins très largement le niveau. Restant concis, le groupe propose "Come To Brazil", un titre quasi-thrash dans l'exécution, définitif dans l'interprétation, qui devrait faire fureur en live. Un peu comme si METALLICA s'était mis au skate-punk. D'ailleurs, le bleu de la pochette n'est pas sans rappeler celui de Ride The Lightning, comme une coïncidence ?

"Hanging By a Thread", avec son côté "Come out Swinging", ou encore le titre final, "You Can't Get There From Here", avec sa construction classic-rock qui peut évoquer THE WHO sur les couplets, se font à la fois frais et percutants, parangons d'une liberté et d'une sérénité retrouvées.

Supercharged est une célébration de ce qui a fait et continue de faire l'identité OFFSPRING. Simultanément nostalgique et actuel, il bénéficie d'une énergie qui semble couler naturellement, et si on peut regretter l'absence d'une véritable audace que l'on pouvait trouver sur des morceaux "récents" plus alambiqués tels que "Hammerhead", on retrouve tout de même une certaine complexité modérée (voir "Come to Brasil") qui donne une substance et une richesse à la musique du groupe. Ainsi, ceux qui pensent que la formation s'était fourvoyée sur les appréciables mais limités Days Go By et Let The Bad Times Roll devraient redonner une chance à ces vieux briscards du skate-punk qui font ici brillamment parler la poudre. Comme si de l'étincelle de nos années adolescentes, THE OFFSPRING s'était imposé comme la flamme éternelle de nos vies en manque de brasiers.

3,5/5

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   GEGERS

 
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- Dexter Holland (chant, guitare, basse, claviers)
- Noodles (guitare)
- Todd Morse (basse)
- Jonah Nimoy (claviers)
- Brandon Pertzborn (batterie)


1. Looking Out For #1
2. Light It Up
3. The Fall Guy
4. Make It All Right
5. Ok, But This Is The Last Time
6. Truth In Fiction
7. Come To Brazil
8. Get Some
9. Hanging By A Thread
10. You Can't Get There From Here



             



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