Espaces 2 est un album pour le moins singulier dans la scène progressive française des années 1970-80, qui regorge certes déjà de groupes de musique électronique éminemment intéressants. Cet album d’Yves et Alain LORENTZ, un duo qui encore aujourd’hui reste tout à fait obscur, est le deuxième de la série de trois disques Espaces (les deux autres albums sont acoustiques), l’une des collections de l’ancien label français Arc-En-Ciel, ayant édité principalement des disques pour enfants (chansonnettes et contes musicaux) mais aussi de la variété française et un disque d’Ambient (Prélude Relax de Daniel J. WHITE) à vocation thérapeutique, que l’on peut comparer avec son compatriote Unidisc dont la ligne éditoriale spécialisée a également accouché de quelques bizarreries musicales.

Espaces 2 est une œuvre mélodique instrumentale combinant guitares, synthétiseurs et orgue électronique (certainement un Elka String). Les mélodies sont de caractère à la fois neutre et lunaire, au rythme peu marqué, ce qui avec les sonorités douces des claviers confère un côté planant à l’ensemble. Le jeu de guitares est assez varié, entre rythmiques acoustiques et leads en fuzz, tour à tour doublé ou complété par les claviers. Le duo, ne se laissant cependant pas aller à l’indolence, se fend de réguliers changements d’ambiance et de quelques jolis solos psychédéliques, surtout sur la seconde face. Ce mélange étonne et détonne, mais tient la route grâce à une bonne maîtrise technique et une qualité mélodique sans faille. L’album est homogène et cohérent de bout en bout, bien que l’on puisse distinguer des temps forts: "Astroville", "Galaxie En Fête", "Soleil D’Eau", "Calanque Bleue". Il est juste dommage que ce dernier morceau s’achève sur un fade-out, l’album reste ainsi en suspens, se terminant sans vraiment se terminer.

Bien que cet album puisse paraître un brin fade à côté des productions de HELDON, Bernard SZAJNER ou encore ZADRI & MO, les amateurs de rock progressif instrumental peuvent se laisser tenter. On peut faire le parallèle avec le Pop Incidence (1979) de Michel GONET, combinant non seulement claviers et guitares, mais aussi de la batterie et des timbales, avec des compositions également instrumentales et excentriques, avec des accents progressifs, mais plus éclectiques, plus sujettes aux contrastes sonores. En forçant le trait, on peut aussi y voir une version destroy de SPACE ART.

3 ½ sur 5