Quelqu'un a dit que MARINA & THE KATS était un peu comme Eartha KITT chantant accompagnée par les BLACK KEYS. Cela n'a jamais été aussi vrai qu'avec ce Friendly Fire, leur cinquième album, avec lequel les Autrichiens fêtent dix ans de carrière discographique.

Durant les quarante-et-une minutes, on retrouve la sensualité irrésistible dont Marina Zettl sait faire preuve, mais aussi une certaine force vocale libérée comme sur le final stupéfiant de "I Was Woman in Love".

À côté de cela, Thomas Mauerhofer, le seul des quatre membres du groupe à ne pas jouer de batterie, continue de durcir le son de sa guitare électrique et remplace de mieux en mieux les cuivres que l'on pouvait entendre sur les premiers albums.

De quoi se rapprocher autant du domaine pop indé que du swing-boogie chéri, adopté depuis le départ. "Up, Up", avec sa légèreté apparente, son groove jazzy imparable, offre un sacré travail de bruitages divers à la guitare, tandis que le chant use de la séduction la plus directe.

La chanson "Friendly Fire", représentative de l'ensemble de l'album au niveau des paroles qui révèlent justement le contrecoup de la maturité, du succès, des expériences personnelles et désillusions, est un petit bijou où la complainte vocale et les sons planants et clairs prennent le pas tandis qu'un rythme jazz cimente le tout.

Par rapport à un début grandiose, presque hard marqué d'un "Woman" au fer rouge et au riff maléfique, titre pop teinté d'oldies franchement délicieux, puis un "Drunk" basé sur l'anatole espagnole (comme "Hit the Road, Jack", qu'elle évoque d'ailleurs nettement pour les couplets), où Zetti toute acidulée fait merveille (sans parler du duo sifflement-guitare électrique), la suite est plus calme.

On pourrait d'ailleurs reprocher à cet album de baigner trop dans cette prise de conscience au point de proposer un ensemble disparate. Il y a pourtant plein d'idées sympathiques comme ce "Second-Hand Game" tribal, ce doux "Geppetto" et mixte ou encore le joli "Who Are You" en conclusion qui prend le même chemin avec une guitare classique avenante.

Toutefois, peu dépassent le cadre de l'instant, en dépit de belles réalisations comme cet "Our Call", ballade jazzy au rythme lourd et lent, premier titre au ton éperdu développé ensuite sur "I Won't Fade", slow qui cache bien son jeu, puis "I Was a Woman in Love", faussement traînant.

Notons encore le très évocateur et changeant (contre toutes attentes) "Extraordinay, Boring Life" ainsi que la belle pop-funk entêtante de "Coming for Me". Pour autant Friendly Fire n'est pas l'album de l'année ni un apogée discographique, même s'il demeure tout à l'honneur du combo qu'on aurait tort de rattacher irrémédiablement à la vague swing revenue en force depuis dix ans.