RED NOISE est une formation rock française formée par Patrick VIAN, Daniel Geoffroy, Serge Catalano et Francis Lemonnier, cinq musiciens ayant effectué, un soir de mai 68, un concert dans l’enceinte de la Sorbonne occupée qui se finit par une descente de police. La formation se fit remarquer dans la scène underground français, au même titre que les FILLE QUI MOUSSE, ÂME SON ou encore PLANÉTARIUM (avec lequel RED NOISE partagea la scène à plusieurs reprises). En 1970, la formation originale se scinda en deux, le batteur Serge Catalano et le saxophoniste Francis Lemonnier quittant le groupe à la suite d’une arrestation aux Pays-Bas pour possession de hashish, et formant KOMINTERN au sein duquel on trouve Gilbert ARTMAN, futur fondateur de LARD FREE et URBAN SAX. Ils furent respectivement remplacés par Philip Barry et Jean-Claude Cenci.

Ce groupe sous la houlette de non moins que le fils de Boris VIAN a enregistré son unique album en une journée, le 28 novembre 1970. La musique de Sarcelles - Lochères est assez difficile à cerner. Le dernier morceau, occupant presque tout la seconde face, est une improvisation débridée, généralement classée en free jazz. La première moitié de l’album est éminemment parodique, enchaînant des pastiches de chanson hippie ("Caka Slow", avec un saxophone magnifiquement à côté de la plaque et un chant dont l’intonation me fait rétrospectivement mais immanquablement penser à Homer Simpson), de pop anglophone ("Vertebrate Twist", "Galactic Sewer-Song"), de jazz ou de rock psychédélique (les cinq derniers titres de la première face), à l’interprétation volontairement bâclée, le tout ponctué par des interludes délirants. Cette hétérogénéité a parfois valu à Sarcelles - Lochères d’être rapproché des travaux de Frank ZAPPA, mais on est selon moi loin de la maestria de Lumpy Gravy, We’re Only On It For The Money ou encore Uncle Meat. La construction de l’album en deux parties opposées, la première douce-amère, la seconde sombre et violente, rappelle An Electric Noise de WHITE NOISE, bien que là aussi le bruit blanc soit autrement plus radical que le bruit rouge. Toujours est-il que cet album commence par l’un des plus légendaires morceaux de l’histoire du rock français.

La seconde mouture de RED NOISE responsable du présent album n’est pas passée loin de rester un projet orphelin à l’instar de SEMOOL puisque seuls deux des six musiciens referont surface en groupe ou en solo: Patrick VIAN qui en 1976 publia l’album électronique Bruits Et Temps Analogues avant de se consacrer à d’autres activités telles que la peinture, et l’organiste John LIVENGOOD qui lui aussi réalisa un album solo ainsi que des collaborations (SPACECRAFT, Richard PINHAS) et des apparitions notamment auprès du saxophoniste Didier MALHERBE et du percussionniste Martin SAINT-PIERRE.

C’est en m’informant au sujet de cet album que j’ai appris sur le tard le décès de Patrick VIAN le 24 février 2023.

3 ¼ sur 5