Bon, l’imagerie du power metal n’a guère changé depuis les eighties où HELLOWEEN menait la danse en Europe. On retrouve toujours les mêmes ambiances et concepts articulés autour de la magie et de la sorcellerie, un mix de Dungeons et Dragons et de Seigneur des Anneaux. Alors je vais pas vous faire la genèse des Suédois de HAMMERFALL depuis tout ce temps, contentez-vous de savoir que le chanteur Joacim Cans et le gratteux Oscar Dronjak en sont les piliers, et que leur projet n’a guère évolué depuis les quasi quarante années d’existence. Ce "Venger les tombés" est dans la parfaite continuité de la musique produite par le groupe, soit un changement et une évolution inexistants, ce qui pose le principal souci : l’originalité !

"Avenge The Fallen" introduit l’opus avec beaucoup de clarté sur une production gigantissime, le son fait plaisir. En ce qui concerne la composition on a plus de mal à s’y retrouver… Ouais…  Tout le monde n’a pas aussi bien évolué que BLIND GUARDIAN… Quelle nouvelle ! Joacim reste un chanteur lyrique capable de belles envolées et les rythmiques envoient du bois. La production est maousse costaud ! Voyez donc le feu d’artifice qu’est la chîalante "Hope Springs Eternal" ça explose de partout, hélas les arpèges et lignes de chant sortent tout droit de notre petit "Rudy Schenker explique la musique pour les nuls"… Ce n’est pas inécoutable et une oreille non exercée pourrait y découvrir quelques tranches de plaisir. C’est tout de même bien dégoulinant ! Mais j’ai été élevé avec STORMWITCH il y a 5 décennies… nom de dieu ! 5 ? Vraiment… Damned !

Immanquablement les titres ont un brin tous la même consonance, il en est de "Hero To All", allez, il y aurait presque un petit élan death sur le riff de "Rise Of Evil", bien sûr le gentil chant de Joacim nous redescend sur terre mais le refrain se tient pas mal. Ecoutez-donc le riff de "The End Justifies"… comme c’est pauvret… même nos vieux potes d’ACCEPT n’oseraient pas proposer quelque chose d’aussi banal. Je vous accorde que la montée du refrain se tient même si elle est en mode auto glorification ! Nous avons le coup de la vidéo des fans avec "Freedom" et des choeurs que même Joey de Maio conchierait pour un titre d’une vacuité rare. D’ailleurs, on se croirait presque avec les MANOWAR sur "Hail To The King" - le titre correspond vachement bien non ? -, bien sûr Joacim n’est pas Eric Adams, mais refrain et construction le font pas mal. J’aime le bridge de guitare là-dessus mais oui ! On pousse même le tempo plus fort sur "Burn It Down" - bon ce n’est pas du death pour autant même si Oscar provient de cette scène, remember CEREMONIAL ACT … oui je parle du siècle passé, la ferme les djeuns !

Deux titres surnagent : j’aurais toujours une oreille compatissante pour les cavalcades, alors vous pensez si le Tagada Tagada de "Capture The Dream" m’a de suite alpagué… Mais oui un refrain qui se tient et qu’on aurait presque envie de chanter avec notre bon vieux Joacin – je peux le dire, je suis plus vieux que lui ! La fin est superbe, toute en force rythmique et en hammer. Enfin, une petite intro aux claviers qui débouche sur un lick bien original c’est "Time Immemorial", bien sûr le chant de Joacim a les plus grandes difficultés à s’éloigner des standards classiques du power metal, et c’est bien là que se situe le problème principal, sinon c’est de la chouette ouvrage, un Oskar Dronjak en pleine forme niveau composition. On apprécie la jolie coda en forme de conclusion de l’album, épique et pleine de jolies sonorités.

HAMMERFALL c’est joli, c’est rutilant mais au final c’est un peu comme une partie de jeux videos en mode baston, une fois effectuée on en a tout oublié… Vous n’avez qu’à piquer le jeu qui vous plait les gars, de World of Warcraft à Assassin Creed et vous aurez la parfaite bande-son pour dégommer des orcs, attaquer une armée ou sauter d’une immense tour. Seul problème, à la fin, vous aurez tout oublié … Oui c’est agréable, oui on tape du pied et on peut même headbanguer sur certains titres mais n’est-ce pas là le travail de professionnels de la musique plus que de réels artistes ? Mes jeunes années souffrent mais je dois poser un deux de circonstances.