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1969 Alchemy

THIRD EAR BAND - Alchemy (1969)
Par K-ZEN le 20 Janvier 2025          Consultée 152 fois

Quand on s’intéresse à l’histoire du THIRD EAR BAND, on s’immerge de fait entièrement au cœur d’une époque, celle de l’underground londonien né au milieu des années 60 via le légendaire événement A New Moon Carnival of Poetry in the Round au Royal Albert Hall de Londres, le 18 juin 1966, qui invita poètes et musiciens les plus actifs et subversifs de l’époque. Glen SWEENEY y était accompagné de son groupe actuel, formation ayant inauguré le fameux club UFO où PINK FLOYD et SOFT MACHINE poseraient bientôt leurs valises un temps.

Après avoir joué dans un certain nombre de groupes avec relativement peu de succès, le batteur Glen Sweeney commença à se fatiguer de continuellement changer de style et de personnel pour plutôt chercher à se forger une nouvelle identité musicale propre. Il songe ainsi à monter un collectif de free jazz proposant également poésie et shows lumineux. A cette fin, il fait publier une petite annonce dans le Melody Maker. Trois musiciens atypiques dont un ex-soldat tromboniste et un saxophoniste d’ascendance russe y répondent. Se greffe rapidement Dave Tomlin, souffleur respecté de l’époque ayant sévi notamment avec le futur batteur de COLOSSEUM au sein du MIKE TAYLOR QUARTET ; un soliste qui impressionne durablement Sweeney par son approche quasi-hypnotique de la musique. Le premier passage totalement improvisé à l’UFO sous l’étiquette GIANT SUN TROLLEY relève donc plus de l’essai chamanique qu’autre chose, l’une des pièces composées par Tomlin, nommée "Eternity in D", étant conçue afin de permettre aux musiciens de jouer la même note aussi longtemps qu’ils le pouvaient. L’expérience continue jusqu’en juillet 1967 au moment du départ de Tomlin vers le Maroc.

La première mouture de THIRD EAR BAND – patronyme dont le nom pourrait être lié à une groupie française selon Sweeney ! – date de l’été 1967 et est de fait électrique. Reposant sur les cendres d’un bref projet nommé The HYDROGEN JUKEBOX en hommage à une œuvre signée Allen Ginsberg, il comprend outre Sweeney à la batterie, Clive KINGSLEY à la guitare électrique, Paul MINNS au hautbois et Brian MEREDITH au violoncelle électrique. Ils commencent à se produire abondamment au Arts Lab à partir de janvier 1968, avant d’être confronté à un événement traumatisant en juin. Après un concert au Notting Hill Gate, tous les instruments électriques entreposés dans leur van leur sont dérobés. Plutôt que de se laisser abattre, ils décident de le voir comme un signe du destin et une opportunité de changer radicalement de cap. Le THIRD EAR BAND sera donc pleinement acoustique !

Ainsi transformé, KINGSLEY n’aurait aucun avenir au sein d’une formation qui accueillerait le violoniste Richard Coff plus Ben Cartland à l’alto. À la fin de 1968, le groupe souffrirait d’une certaine hyperactivité, jouant presque tous les soirs, gravant des pièces pour le musicien et producteur avant-gardiste Ron Geesin et sécurisant un contrat avec EMI via l’agence Blackhill fondée par Peter Jenner et Andrew King ayant déjà agrippé PINK FLOYD, Kevin AYERS ou encore Roy HARPER. Le 24 janvier 1969, le THIRD EAR BAND investit ainsi originellement les studios Abbey Road en vue d’enregistrer du matériel. Une des compositions nommée "Raga no. 1" servira de matrice afin d’élaborer les chansons "Area Three" et "Ghetto Raga" que l’on retrouvera figurant sur Alchemy. Après cette session, Cartland quitte soudainement le THIRD EAR BAND car il ne souhaite plus figurer à l’alto. Le trio poursuit son chemin en conviant Dave Tomlin à jouer du violon sur sa propre composition "Lark Rise" mais aussi le fameux DJ John PEEL à la guimbarde ("Area Three" aux accents très Far West Morriconien) et Mel Davis au violoncelle.

Sorti en juillet 1969, Alchemy est auréolé d’une bonne réception critique et commerciale. Sa pochette conçue par Dave Loxley confirme l’aspect ésotérique que son intitulé au lettrage énigmatique laisse présager ; un visuel élaboré via un ancien texte alchimique de Michael Meier nommé Atalanta Fugiens et imprimé en 1617. Totalement instrumental et capturé en une prise, le disque se propose de jeter un pont entre les musiques occidentale et orientale, la seconde étant plus organique selon Sweeney. Mais Alchemy ne fait pas uniquement voyager géographiquement, il nous mène aux marchés bariolés du Moyen-Âge, aux mystérieuses réunions druidiques forestières, aux auberges douteuses et bondées, parfois fréquentées par d’étranges voyageurs voire aux pyramides égyptiennes n’ayant pas livré tous leurs secrets enfouis. Une musique dont la richesse saura irriguer les veines d’autres sorciers acoustiques tous proches comme COMUS.

Consacré via une réédition gourmande d’Esoteric Recordings en 2019, comprenant deux titres enregistrés à la BBC en 1969 où le groupe avait déjà subi d’autres changements de personnel et un second disque de matériel inédit compilant les premières sessions à Abbey Road et les morceaux enregistrés avec Ron Geesin, Alchemy serait, d’après un grimoire aujourd’hui disparu, l’album qu’on retrouva sur la platine de l’alchimiste Paracelse, alors que ce dernier avait trouvé son funeste destin.

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- Glen Sweeney (tabla, tambour, carillon à vent)
- Paul Minns (hautbois, flûte à bec)
- Richard Coff (violon, alto)
- Mel Davis (violoncelle, flûte)
- +
- John Peel (guimbarde)
- Dave Tomlin (violon)


1. Mosaic
2. Ghetto Raga
3. Druid One
4. Stone Circle
5. Egyptian Book Of The Dead
6. Area Three
7. Dragon Lines
8. Lark Rise



             



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