Formé initialement sous le nom de GIRL’S TYME en 1990, le groupe DESTINY’S CHILD a subi plusieurs remaniements. De six membres, le girlsband n’est plus composé que de trois chanteuses quand sort Survivor, son troisième album, en 2001. Beyoncé KNOWLES, bien sûr, LA star du groupe, et sa soeur de coeur Kelly ROWLAND.

Bye-bye LeToya et LaTavia qui se battent pour des histoires de sous avec Daddy KNOWLES, manager de ces dames ; et out, Farrah qui ne dura que cinq mois au sein du groupe. Michelle WILLIAMS vient compléter une bonne fois pour toute cette nouvelle mouture sous forme de trio qui permet au groupe de se stabiliser et de se positionner comme l’un des groupes R&B les plus en vogue de ce nouveau millénaire.

Commençons par le commencement si vous le voulez bien : créé pour la bande originale du film Charlie’s Angels, "Independent Women Part I" ouvre l’album tel un hymne d’émancipation féminine avec un beat syncopé très années 2000, des harmonies vocales réussies et un message qui s’impose aussi bien à l’écran que dans les boîtes de nuit.

Le charisme, la voix puissante et Daddy KNOWLES font émerger Beyoncé comme la figure centrale du groupe, cela devient évident tout au long de l’album où les harmonies uniques de Kelly et Michelle sont sous-estimées et reléguées au second plan, comme sur la chanson titre "Survivor", même si les trois chanteuses y affirment leur unité. Cependant, les arrangements orchestraux et la production more is more prennent le pas sur ce rythme militant et la détermination inébranlable des DESTINY’S CHILD, faisant de ce single un morceau d’ores-et-déjà daté.

"Bootylicious" est tout le contraire : on entend enfin un peu plus Kelly et Michelle sur cette ode aux courbes du corps féminin. Ce titre fun aux accents funk et pop sample la guitare de "Edge Of Seventeen" de NICKS et célèbre la confiance en soi. Il y a aussi des singles qui peinent à égaler les plus gros hits de ce disque, je pense en particulier à "Nasty Girl" et la reprise du titre "Emotion" écrit par les BEE GEES.

Girlboss et fières de l’être, ça ne les empêche pas de montrer une facette plus sensible en mettant le paquet avec des harmonies et des instrumentations douces dans des chialantes typiques de l’époque comme "Dangerously In Love" et "Brown Eyes" où la présence dominante de Beyoncé est toujours l’élément que l’on remarque de prime abord.

Quelques morceaux peu marquants ("Independent Women Part II", "The Story Of Beauty" et "Sexy Daddy") nous rappellent que cet album souffre vraiment d’une certaine inconsistance, à croire que les DESTINY’S CHILD ne savaient pas trop quelle direction prendre. Certains passages sont heureusement plus forts : le mélange R&B/hip-hop de "Fancy", le sample de "Can’t Find The Judge" de Gary WRIGHT sur "Apple Pie A La Mode" ou encore "Happy Face", un titre simple et lumineux à la vibe enjouée, un rappel inspirant que toutes les épreuves peuvent être transformées par une attitude optimiste.

Un gospel plus tard ("Gospel Medley (Dedicated To Andretta Tillman)") et un morceau de fin ("Outro (DC-3) Thank You") clairement dispensable, nous avons fait le tour de Survivor, un album qui, dans son ensemble, est bien moins fort que ses singles. Loin d’être le meilleur projet du groupe, Survivor - avec ses sonorités destinées à un plus large public - reste néanmoins le disque qui a propulsé les DESTINY’S CHILD dans le rang des groupes les plus emblématiques de l’époque.