Lana DEL REY revient en 2015, juste un an après la sortie d’Ultraviolence et délaisse le son psychédélique et rock de cet opus pour retrouver l’ambiance pop, voire trip-hop de ses débuts avec ce quatrième album joliment intitulé Honeymoon. On retrouve l’atmosphère Americana sur cette nouvelle collection de chansons qui dépeignent sans effort une lune de miel immersive dans un univers rempli de fantaisie.

"Honeymoon", titre magique et orchestral nous plonge direct dans une ambiance noire type The Great Gatsby avec ses violons dramatiques qui lui donnent une vraie texture, comme sur "Swan Song" ou sur "God Knows I Tried" où Lana, désillusionnée et totalement blasée à propos de la célébrité, nous sert une voix angélique à souhait. La chanteuse nous transporte sur des chansons d’amour un peu obsessionnel avec "Religion", "Salvatore" et le succulent "Freak" et ses percussions languissantes pour créer une vignette mémorable.

D’un autre monde, "Terrence Loves You" est une superbe ballade au piano qui parle de cette sensation de vide qui vient avec le chagrin de la perte d’un être cher. Sur "The Blackest Day", c’est une séparation qu’elle doit gérer et les émotions qu’elle ressent à la fin de cette relation. Même topo avec "24", une piste hyper cinématographique qui aborde l’amour et la trahison, encore… Mais où est la lune de miel de Lana ?

Sur l’interlude "Burnt Norton", elle reprend les vers du poème de T.S. Eliot pour délivrer le message de l’album : il faut vivre dans le moment présent. Tout ce qui s’est passé avant étant hors de contrôle, il faut donc laisser faire l’univers. Parfait pour Miss DEL REY qui s’est spécialisée en métaphysique durant ses études. Elle s’essaie aussi sur une reprise de "Don’t Let Me Be Misunderstood" de Nina SIMONE - dont elle avait aussi fait la cover de "The Other Woman" sur Ultraviolence - une nouvelle tentative plutôt réussie.

"Art Deco", une tuerie à mes yeux, associe sons électro à un saxophone qui se marie de façon délirante avec la voix pleine d’émotions de Lana. Le single "High By The Beach", chill mais bien catchy aux sonorités trap, expose son désir d’évasion, de solitude et de lâcher prise… avec un soupçon de vengeance. Egalement à souligner, "Music To Watch Boys To" avec son beat sensuel et obscur à la vibe jazzy qui crée une scène brumeuse, évocatrice et un peu amère (It’s all a game to me anyway).

Honeymoon, sorti avec une promotion minimale, est sans conteste la continuation du processus musical de Lana et de son esthétique captivante pleine de nostalgie d’un autre temps. C’est un album qui a de l’allure et contribue clairement à la discographie de l’artiste qui nous offre une production canon en fusionnant des références vintages à des sons plus modernes. Comme toujours, Lana, avec sa voix de velours, a la faculté de créer un paysage sonore qui nous transporte, cette fois dans une lune de miel cohésive et complexe, un petit bonheur.