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2022 Betsu No Jikan
 

- Style : Jon Hassell
 

 Takuro Okada Bandcamp (24)

Takuro OKADA - Betsu No Jikan (2022)
Par STREETCLEANER le 15 Février 2025          Consultée 308 fois

Betsu No Jikan (une autre fois) est le troisième album solo de Takuro Okada, multi-instrumentiste japonais (piano, guitare…) qui s’est fait connaître plus jeune lorsqu’il jouait dans un groupe d’étudiants à l’université, groupe dénommé Mori Wa Ikiteiru et qui semble avoir connu un petit succès. Pour ce nouvel album, il s’entoure de nombreux musiciens, aussi bien du cru qu’internationaux (on compte notamment le contrebassiste américain Jim O’Rourke qui collabore régulièrement avec des artistes japonais) ; et c’est lui qui compose la quasi-intégralité de l’album, seuls les titres "Sand" et "Deep River" étant co-écrits. Cet album tourne autour de la question de la musicalité, Okada ayant passé les deux années précédentes à expérimenter et improviser avec le batteur Shun Ishiwaka et le contrebassiste Jim O’Rourke.

La reprise en forme de déconstruction de A Love Supreme, le chef-d’œuvre de Coltrane (1965), qui ouvre l’album, marche vers les terres du free-jazz mais celui-ci demeure praticable pour le profane car non agressif ; les premiers sons, les premières textures sonores feront inévitablement penser à celles du "quatrième monde" de Jon Hassell (avec parfois ce petit côté jauni charmant), ce qui est une autre preuve du bon goût d’Okada et de sa formation. Dans ce format ambient-jazz il y a de toute façon quelque chose qui nous rapproche du Last Night The Moon Came Dropping Its Clothes In The Street du trompettiste américain (2009, ECM).

C’est en fin de ce premier titre qu’on reconnaîtra le thème de "Acknowledgement", et il aura fallu attendre plus de 3’30 pour bien percevoir le saxophone alto ‘coltranien’ de Sam Gendel et le piano du fantomatique McCoy Tyner (par Okada) s’inviter presque en intrus dans cet univers ambient à la Hassell. Un joli travail. Les dix minutes de "Reflections / Entering #3" sont également une autre plage expérimentale et c’est le morceau qui détonne quelque peu par rapport à l’ensemble compte tenu de ses passages chaotiques où la formation se lâche dans une forme de jam improvisée aux effluves seventies.

"Moons" est le seul titre dans lequel Okada pose sa voix, une voix d’ailleurs presque réservée, douce et féminine. Une sorte de jazz atmosphérique enveloppant et chaleureux et en même temps teinté de psychédélisme seventies avec sa guitare fuzzy et ses percussions, là aussi une très jolie composition toute en délicatesse. "Sand" revient au format instrumental, avec sa guitare étincelante qui parcourt un paysage parsemé de raies de lumière se déplaçant avec la nonchalance de gros nuages blancs paresseux dans un ciel bleu. Celui qui n’a pas trouvé la sérénité à ce stade ne la trouvera jamais. Le saxo mélancolique de "If Sea Could Sing" ou le piano de "Deep River", le titre le plus japonisant, sont des invitations à parcourir des paysages liquides, sur le rivage d’une plage ou en lisière d’un cours d’eau, les percussions sur "Deep River" imitant même l’écoulement de l’eau et le piano tricottant un ostinato évoquant une démarche tranquille.

L’élégance et la musicalité de l’album sont portées bien entendu par la musique d’Okada mais on ne peut faire l’impasse sur le soin enchanteur apporté à la précision des sons et à l’espace donné aux instruments, une méthode qualifiée de "post-modern pop sound" ; écoutez par exemple le léger frémissement des cymbales, à peine perceptible, sur "Reflections / Entering #3". Cette attention semble s’imprégner de l’esprit des productions ECM* ; d’ailleurs l’esthétique de la jolie pochette est bien aussi dans cette veine, privilégiant les couleurs froides et la photographie en noir et blanc.

Betsu No Jikan est un album bienveillant, contemplatif, tout en douceur, qui touche au jazz (évidemment) mais aussi à l’ambient et à la pop. Il est à ce jour, en ce qui me concerne, l’album le plus enthousiasmant de Okada. A découvrir pour ceux qui aiment l’ambient-jazz et/ou des univers proches de celui du trompettiste Jon Hassell.


* Mais on pourrait également y voir un respect dû au fameux A Love Supreme réputé déjà à l’époque pour sa qualité sonore.

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   STREETCLEANER

 
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- Takuro Okada (piano, synthés, guitares, chant)
- Sam Gendel (saxophone alto)
- Shun Ishiwaka (batterie, percussions)
- Yu Taniguchi (piano)
- Junya Ohkubo (saxophone alto)
- Marty Holoubek (contrebasse)
- Nels Cline (guitare)
- Hikaru Yamada (saxophone alto)
- Yohei Shikano (lap steel)
- Yuma Koda (violoncelle)
- Carlos Niño (percussions)
- Kazuhiko Masumura (percussions)
- Daniel Kwon (violon)
- Jim O'rourke (contrebasse, synthés)
- Haruomi Hosono (batterie programmée)


1. A Love Supreme
2. Moons
3. Sand
4. If Sea Could Sing
5. Reflections/entering #3
6. Deep River



             



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