SEMAINE BOITE A DEMANDES

Il y a eu deux temps et une symétrie amusante, dans la famille CHEDID, en ce qui concerne les enfants de Louis et de Marianne, couple royal d'heureux noms, avant le renom. D'abord, Emilie puis Matthieu, nés à l'orée des années 70. Une fois Louis devenu grande figure de la chanson, quinze ans plus tard, les affaires familiales reprennent et Joseph voit le jour en 1986 ; il sera suivi de la dernière, Anna, en 87, année où les parents se séparent.

Comme tous les autres (sauf Emilie qui préfère l'aspect film des choses), il est musicien et créatif, au moins depuis l'adolescence. Un de ses premiers faits réellement marquants et avec l'appui de son grand frère Matthieu devenu -M-, star à son tour, est d'avoir participé à l'album de ce dernier en 2009, Mister Mystère, où l'on croise d'ailleurs aussi Anna. Toujours grâce à son aîné, il participe l'année suivante à l'album Jamais Seul de Johnny HALLYDAY (certes, pas le meilleur du Taulier) dont il signe l'une des musiques.

2014-2015 marque la période où Joseph CHEDID, qui se fait également appeler SELIM pour un temps à partir du deuxième prénom de son grand-père (le père de Louis donc), prend son envol musicalement parlant. En même temps qu'il tient la batterie sur le troisième album de LUCE (Nouvelle Star 2010 de l'émission consacrée à la télé), il réalise son propre album, un premier jet baptisé Maison Rock qu'il vend sur son site avant de le commercialiser un peu plus largement.

Sans tourner longtemps autour du pot : le bonhomme est doué, il a de qui tenir certes, et si on connaît bien -M- ou qu'on découvre l'album familial sorti plus tard durant l'année 2015 en se focalisant sur la jolie révélation Anna CHEDID (devenue NACH), il y a de quoi sourire en se disant que vocalement, Joseph/SELIM est un peu entre les deux. Pas que sur l'arbre généalogique donc ! Question inspiration, c'est autre chose, mais on ne saurait être trop sévère avec un premier jet.

Maison Rock est un hommage aux musiques électro ('house' donc maison) et au rock qui ont bercé l'enfance du musicien. Il joue tout comme son grand frère de la guitare et de la basse, vraiment bien d'ailleurs, mais sa spécificité est la batterie, sur laquelle il met plutôt l'accent, augmentée de percussions bien sûr. On remarque le caractère oriental exotique, puisant dans les racines familiales (faites de Syrie et d'Egypte), du single "Paranoïa" dont Emilie l'aînée réalise la vidéo-clip. La batterie fait bien le groove, mais on peine à se laisser convaincre par une forme de poésie dandy-surréaliste bien connue elle aussi grâce à -M-, avec pas mal de paroles répétitives.

Il en va de même pour la plus grande partie de l'album, avec à loisir du rock et du funk/disco, un côté 'fait-maison' louable et qui plus est en solitaire ou presque, mais sans plus. Tandis que "L'infini" marie les influences orientales cette fois avec une pop très pailletée, "Soleil" ouvre l'ensemble avec une volonté forte de sonner 'cool', mais ne convint que par sa prestation instrumentale. Et puis Joseph/SELIM possède une belle voix, toute fine, mais vu qu'on a du mal à adhérer à la présente part d'héritage de la grand-mère poétesse Andrée...

Allez, le refrain féminisant de ce "Temps S'est Levé" très étudiant-ado se laisse bien écouter, le piano à la fin des "Sirènes" s'insère joliment dans un ensemble bigarré sans grande saveur. "La Mer et la Lune" joue la carte cosmique mais on se perd dans le flou, pas seulement celui des paroles telles que chantées. Il y a un effet plus -M- que jamais sur "Comme des Chats", clin d'oeil à 'Chat', compagne de Joseph/SELIM, musicienne elle aussi (ensemble, ils ont notamment fait "Mon Beau Parisien", une reprise téléphonée du "American Boy" de Kanye WEST & ESTELLE).

"Marianne" justement, déclaration d'amour à leur maman chérie, voit la participation de Matthieu le guitariste, et avec sa pop exotique, c'est un des deux-trois morceaux vraiment agréables de ce disque. Si le texte de "Ode aux Envies" n'est pas non plus mirobolant, le titre reste l'un des plus plaisants et des mieux habillés, garni d'un quatuor à cordes que l'on retrouve sur le final d'album plus soft, "L'Amour Eternel", assez éperdu (par rapport à "Mon Beau Parisien" !) jusque dans sa voix de tête caractéristique. Un beau moment néanmoins, plus naturel mais trop tardif. Pas de panique, d'autres premiers albums (suivez le regard, vers le grand frère) étaient un peu brouillons, attendons la suite.