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CHANSON FRANCO-BRETONNE  |  LIVE

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Gilles SERVAT - La Douleur D'aimer (1985)
Par MARCO STIVELL le 11 Juin 2014          Consultée 2496 fois

La Douleur d'aimer, distribuée par Pluriel, est une réalisation auto-produite, faute de label, donc rare à ce jour. Il s'agit d'un spectacle totalement original et monté grâce au bon concours de la troupe du Théâtre de la Chimère qui tient la salle du Bateau Ivre à Hennebont, où le concert est donné en décembre 1984. Gilles SERVAT y est accompagné par son groupe de l'époque, Bernard Grosmolard aux guitares, Jean-Louis Cornilleau à la basse ainsi que Jean Chevalier aux percussions et instruments à vent.

Le titre du spectacle met en exergue une sensibilité, celle de l'homme, son rapport à la nature et à l'amour. Un amour traduit de différentes manières, pour la nature bien sûr mais aussi pour la femme, un amour qui vient, s'en va et revient. Le morceau d'ouverture plonge l'auditeur dans cet univers envoûtant et épuré, le chanteur joue sur le sens de cette douleur d'aimer, assure que rien n'est pire ni meilleur ; une atmosphère musicale tribale suggère un appel des arbres si chers aux Celtes. La basse pose un bourdon, les tambours résonnent mesurément, la mélodie qui pourrait être celle d'une cornemuse écossaise est interprétée avec profondeur par SERVAT. Un effet d'overdubs, seul artifice studio apporté à l'enregistrement, multiplie sa voix et lui permet de mieux retentir, tel Merlin.

Bien sûr, on retrouve beaucoup de cette poésie élégante et imprégnée d'éléments naturels, avec des métaphores subtiles, sous l'influence directe de René Guy Cadou. «L'Orme qui meurt», «Ar Rosenn Hag al Lili» (la rose et les lis) nous sont offerts sous forme de ballades folk légèrement jazzy, conduites par de beaux arpèges de guitare réverbérée et parfumées de flûte traversière ou de clarinette basse. «Aux esprits de la nature» est une récitation a-cappella qui nous fait prendre conscience, si besoin est, à quel point SERVAT est un interprète formidable, désormais pleinement accompli.

«C'est l'hiver en mon jardin» parle du manque amoureux, mais à l'égard de la femme, il est difficile de trouver déclaration plus vibrante que «Quand ton pied va frôlant la terre». Les roulements de batterie imitent des battements de coeur, le texte élégant et la musique diffusent une ambiance irlandaise, une beauté féérique. Le chanteur dédie encore un morceau au public qui l'accompagne, souligne son attachement viscéral aux concerts, moments de partage eux aussi naturels dans «Ces Soirs Trop Beaux».

La tendresse domine au cours du spectacle, mais le ton varie parfois et crée un peu de dynamisme. «La Ballade de la Centrale», cri de révolte d'une association du Carnet, renoue avec le propos militant de SERVAT sur un ton de marche jazzy, car lorsque l'on combat le nucléaire, on défend la Terre autant que l'être humain. La ville de Nantes est particulièrement sujette aux transformations depuis les dernières présidentielles en date, et de toute manière, le chanteur ne rate jamais une occasion de singer les élus...

Plus fantaisistes, «Les Aventures de Nony Mandco» nous parlent avec un cynisme exacerbé de ces êtres à qui la nature n'a laissé aucun avantage, qui vivent en parasites et dont l'amour est l'unique salut. Il s'agit d'une récréation pour tout le groupe sous forme de musique jazz-swing, avec des interactions, des bruitages par les musiciens, des citations (Dallas, la Panthère Rose), des rires... En gros, du «fun» ! On peut seulement regretter le manque de variations concernant cette trame musicale, sachant que chaque partie de «Nony Mandco» dure cinq minutes.

Ce disque méconnu s'inscrit dans la lignée des réussites de Gilles SERVAT au cours de ces années 80 tant décriées d'habitude, y compris pour les artistes bretons. On appréciera le son chaud et aéré, l'esprit folk acoustique de l'ensemble (pas de synthétiseur ni de guitare électrique, aucune digression rock), les morceaux tous inédits et poignants, superbement chantés et joués par ces fantastiques musiciens nantais qui officient pour la dernière fois aux côtés de SERVAT.

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   MARCO STIVELL

 
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- Gilles Servat (chant)
- Bernard Grosmolard (guitares, voix)
- Jean-louis Cornilleau (basse, voix)
- Jean Chevalier (batterie, percussions, instruments à vent, voix)


1. La Douleur D'aimer
2. Les Aventures De Nony Mandco 1
3. C'est L'hiver En Mon Jardin
4. L'orme Qui Meurt
5. Les Aventures De Nony Mandco 2
6. Aux Esprits De La Nature
7. Quand Ton Pied Va Frôlant La Terre
8. Les Aventures De Nony Mandco 3
9. Hag Ar Rosenn Hag Al Lili
10. La Ballade De La Centrale
11. Ces Soirs Trop Beaux
12. De Soleil Et D'air Bleu



             



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