Roland VINCENT et Jean-Pierre LANG sont deux personnalités importantes du milieu de la chanson française, le premier compositeur-arrangeur, le second parolier. Tous deux furent respectivement compositeur et auteur d’Athon, comédie musicale de science-fiction pour enfants, un double-album-concept qui aurait dû accompagner le film éponyme qui ne vit jamais le jour. Ils ont ensuite créé une seconde œuvre en duo, électronique et instrumentale celle-là : Nights Of Babylon.

L’instrumentation est relativement sobre : beaucoup de nappes émulant des cordes ou des cuivres, de la boîte à rythme Linn LM-1, quelques effets sonores gentillets – on est loin de la minutie de SYNERGY ou de Jean-Michel JARRE) –, et de rares éléments acoustiques : clarinette ("Sentinel"), petites percussions ("Caravan", "Desert"), chant ("Garden Of The Princess") qui, autant le dire tout de suite, n’apportent pas de réelle valeur ajoutée.

On en vient alors aux compositions et c’est là que le bât blesse. La plupart des compositions sont linéaires et certaines ennuyeuses à en mourir. Rien que "Sentinel" en introduction donne le ton : le duo ressasse un thème en marche, pauvre et poussif au possible, en ajoutant une piste à chaque itération, le tout entrecoupé d’une mélodie au néo-classicisme le plus cliché qui soit. Une tentative de marche épique copieusement ratée. Ledit néo-classicisme traverse l’ensemble de l’album mais tout n’est heureusement pas dans la veine de "Sentinel". "Caravan", "Fantasia" et "Holograms" proposent des mélodies agréables et "Desert" dégage une belle ambiance.

La plupart des morceaux suivent un schéma linéaire. "Liberty", "Oasis" et "Garden Of The Princess" sont des ballades où le duo se la coule douce. Quelques-uns jouent la carte d’une rythmique entraînante, un exercice forcément limité par la relative banalité mélodique de l’ensemble. On dresse une oreille sur "Caravan" et "Fantasia" pour mieux se morfondre sur "Fortress" et "Labyrinth" qui conclut l’album aussi mal qu’il a commencé. On pensait jusque là avoir échappé aux sempiternels clichés mélodiques jarriens (zut, c’est en train de devenir un bête élément de langage), et patatras, voilà que déboule cette mélodie à la tierce d’une faiblesse affligeante. Dommage, la rythmique en arrière-plan est jolie.

Le seul morceau réellement intéressant de l’ensemble reste "Desert", piste envoûtante au rythme libre qui tire laborieusement vers le haut un album pas catastrophique, pas trop ridicule (dans l’ensemble) mais anecdotique.