Si In Course Of Time (1982) fut le dernier album de ZANOV avant un silence musical de près de trente ans, ce ne fut pas son dernier enregistrement. En effet, il enregistra quelques morceaux supplémentaires vers 1983 (un projet intitulé Nous Reprenons Notre Avenir qui devait initialement être un album conceptuel avec texte vocoderisé), avant de vendre une grande partie de sa lutherie électronique quelques années plus tard. En guise de retour aux affaires, ZANOV décide de compléter ces morceaux (ainsi que d’autres ébauches enregistrées dès 1979) avec du matériel moderne (le synthétiseur Arturia Origin). Virtual Future est donc de ces albums ayant été réalisés en deux temps, à plusieurs décennies d’intervalle, à l’instar du Ex-Futur Album (1983 / 2014) de AKSAK MABOUL. Des cas posthumes existent également: des albums de 2PAC, et Za Bakdaz (1983 / 2008) de Klaus NOMI.

Le premier point positif est la subtilité du mélange d’analogique et de numérique, Virtual Future se plaçant tout naturellement dans la lignée des trois premiers albums − à titre de contre-exemple, Oxygène 7-13 (1997) de Jean-Michel JARRE présente la double tare d’un copycat du Oxygène originel et de sonorités modernes qui font tache. Tout au plus, on entend à certains moments des séquences et une ligne de basse synchronisées inhabituelles pour du ZANOV, et qu’on peut subodorer provenir des ajouts récents, mais qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble. La production et la spatialisation sonore sont impressionnantes, achevant de marquer le pas avec les trois premiers albums.

Virtual Future présente le même type de progressions musicales et d’évolutions atmosphériques que les deux précédents albums, avec un travail sonore encore plus poussé. On retrouve par moments la mélancolie de In Course Of Time, sur "Very Far", "World Adrift", "Conscience In Danger" et "Alone Again", avec cependant une dimension épique plus marquée. Les séquences statiques de "Neuronal Storm" et de "Final Cut" sont une évolution de celles de Moebius 256 301. On retrouve un peu partout d’autres séquences et effets sonores complexes, dans la continuité de In Course Of Time, participant grandement à ces paysages sonores élaborés. Ainsi, ZANOV réussit sur "Brain Activity" à captiver l’auditeur sans faire varier l’harmonie. Pour ne rien gâcher, "Very Far" et "Alone Again" sont gorgés de superbes mélodies, se combinant à merveille avec les séquences.

ZANOV ne pouvait pas mieux refaire surface. Avant de plancher sur de la nouveauté, il faut parfois mettre à plat son passé. La pochette un brin trop clinique à mon goût n’est pas tout à fait à l’avenant du contenu, intemporel, tout simplement.