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2022 Preacher's Daughter
2025 Perverts

ETHEL CAIN - Preacher's Daughter (2022)
Par ARCHANGEL le 19 Février 2025          Consultée 254 fois

C’est grâce à son premier album studio, Preacher’s Daughter sorti en 2022, que la carrière d’Ethel CAIN prend un véritable tournant, la suite de plusieurs EPs qui n’ont pas manqué d’attirer l’attention. Fille de pasteur, femme trans bisexuelle, Ethel a choisi de nous raconter sur Preacher’s Daughter une histoire dont elle seule détient la clé et où se croisent traumas, foi et une sacrée dose d’introspection.

Cette histoire que CAIN retrace, c’est la sienne et, même si certaines parties sont fictives, l’oeuvre que propose ici Ethel n’en demeure pas moins viscérale et tragique. Abusée par son père dans son enfance ‘et élevée dans une communauté religieuse ultra-stricte, la chanteuse livre avec intimité sa catharsis et pose une trame narrative sur laquelle chaque chanson retrace la violence d’une Amérique rurale et désolée.

On se laisse envoûter par l’univers d’Ethel dès l’ouverture "Family Tree (Intro)" où la chanteuse nous murmure ses secrets de famille sans aucune forme de procès (The fates already fucked me sideways). Les nappes de synthés éthérées se mêlent à un chant minimaliste et hautement contemplatif. Le titre "Family Tree" reprend la mélodie là où CAIN avait préparé le terrain mais dans une version moins ambient : les guitares électriques donnent l'impression de descendre dans la mémoire d’Ethel et ce sont avant tout des souvenirs sombres et une profondeur poignante qui s’y trouvent (Let him make a woman out of me/I’m just a child but I’m not above violence/My mama raised me better than that/When the preacher talks, that man demands his silence). Une sorte de rock atmosphérique sur lequel nous assistons aux dynamiques complexes qu’Ethel aspire à exorciser : entre foi et doute, amour et destruction, appartenir ou s’échapper, celle qui se fait surnommer Mother Cain cherche un endroit où aller (They say heaven hath no fury like a woman scorned/And baby, hell don’t scare me, I’ve been times before).

Le ton se veut plus light durant certains chapitres du projet : le single synthwave "American Teenager", dont le rythme pop-rock contraste totalement avec l’ouverture de l’album, révèle toutefois une critique acerbe des pressions subies par la jeunesse américaine ; "Strangers" mais aussi les deux pistes instrumentales "August Underground" et "Televangelism". Les vocalises qui nous hantent flottent comme un écho fantomatique sur la première et un piano aux tonalités ambient sur la seconde, Ethel prouvant qu’elle ne se repose pas sur ses textes pour créer des ambiances empreintes de mystère.

On reconnaît l’influence de Lana DEL REY dans l’écriture d’Ethel, quand elle aborde les relations toxiques sous le prisme de la chansons d’amour dans "Western Nights" (I’m never gonna leave you baby/Even if you lose what’s left of your mind), mais aussi celle de Florence + THE MACHINE dans le chant quasi spirituel de "Thoroughfare" (I started to see you differently, oh/Because for the first time since I was a child/I could see a man who wasn’t angry), un superbe titre folk-rock à ne surtout pas louper.

"A House In Nebraska" est un autre morceau chargé de tension : la réverb' de la guitare et les arrangements épurés font une toile de fond sur laquelle CAIN dépeint douloureusement le désir et la crainte, dans une interprétation à couper le souffle (You told me even if we died tonight, that I’d die yours/So I died there under you, every night, all night).

Ethel continue de chanter le poids de son héritage familial dans des chansons lourdes de sens et d’honnêteté. "Hard Times" est une petite ballade musicalement magique de simplicité alors que les paroles traduisent les pensées paradoxales de CAIN face à son abuseur (I was too young to notice/That some types of love could be bad). L’instru du single "Gibson Girl" fait dans la goth-pop mystique avec ses synthés enveloppants et ses guitares électrisantes, une des meilleures pistes du disque (You wanna get my clothes off and hurt me/You came alone to me from however far away/Asking me to know how I know you’re all the same).

CAIN ne cherche pas à rendre Preacher’s Daughter facile à digérer. La ligne vocale de "Sun Bleached Flies" est déchirante, mais c’est l’ambiance horrifique de "Ptolemaea" qui est un des moments les plus angoissants de l’album. Les cris stridents et distorsions sonores intenses jouent cette descente magistrale dans une terreur psychologique et physique, celle d’Ethel qui met les cauchemars en musique (I am the face of love’s rage/Blessed be the Daughters of Cain, bound to suffering eternal through the sins of their fathers).

L’esthétique sonore d’Ethel CAIN est aussi saisissante que sa narration et rien que pour cela, Preacher’s Daughter vaut bien une écoute. La chanteuse-compositrice emprunte autant au rock qu’à l’ambient en passant par l’americana pour créer des titres qui reflètent la complexité de son histoire. CAIN nous fait naviguer entre innocence et désillusion avec cette oeuvre proche du chef-d’oeuvre, dans tous les cas incontournable.

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Non disponible


1. Family Tree (intro)
2. American Teenager
3. A House In Nebraska
4. Western Nights
5. Family Tree
6. Hard Times
7. Throughfare
8. Gibson Girl
9. Ptolemaea
10. August Underground
11. Televangelism
12. Sun Bleached Flies
13. Strangers



             



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