Cet unique album de Raymond Jeannot sous le pseudonyme Charlie Mike SIERRA (curieuse ressemblance avec Jean-Pierre MASSIERA qui amena quelques confusions) est un parfait sous-produit de la musique électronique française. À la différence de Space Woman (1977) de la doublette Torelli / Massiera sous le nom HERMAN’S ROCKET, qui essayait de varier son propos avec notamment des percussions, ce On The Moon recopie assidûment la sainte trinité JARRE - SPACE - SPACE ART. Pour les sons comme pour les mélodies, cet album tient un peu de ces trois références, sans tout à fait trancher en faveur de l’une d’entre elles. Toujours est-il que ce projet est fort peu original quoique plutôt bien exécuté dans l’ensemble.

Pourquoi pas, après tout? Avec un peu de chance, nous aurions là une œuvre à même d’enrichir le répertoire électro-disco français. Spoiler: non. On The Moon s’avère franchement oubliable, la faute à un flagrant manque de consistance mélodique. Au-delà de la très courte durée de l’ensemble (à peine plus de 25 minutes!), les thèmes sont invariablement neutres et lents, déroulés et ressassés sans conviction ni personnalité. Raymond Jeannot (second couteau de la variété française, actif des années 1960 à 1980), Frédéric MERCIER (compositeur de musique instrumentale surtout connu pour le single "Spirit") et Claude-Michel Schönberg (réputé pour ses comédies musicales) n’accouchent là que du déjà entendu : la ballade "Venus" est un pauvre décalqué de SPACE ART avec un côté pseudo-éthéré à la JARRE, les deux morceaux suivants composés par Frédéric MERCIER ajoutent un poum-tchak Disco étouffé et se placent à mi-chemin entre SPACE et SPACE ART, le morceau-titre ajoute basse, guitare et clavinet pour marcher sur les plates-bandes du Disco de la manière la moins crédible qui soit, avec des effets électroniques ridicules et une mélodie qui tourne en rond comme une animation de chargement sous Windows. "Mars" est une autre ballade ternaire, avec un côté sentimental à la SPACE du pauvre, avant de virer vers du pseudo-JARRE en plagiant les chœurs au Mellotron d’"Oxygène 2" (1976).

C’est chiche, pauvre, sans grande saveur, pas déshonorant mais totalement anecdotique. Le pire est cependant la seconde tentative Disco de Raymond Jeannot, le single Les Envahisseurs (1978) co-écrit par Alain Boublil et qui est une catastrophe absolue, avec en prime l’un des pires spoken-words de tous les temps.