Les musiques sombres sur le continent sud américain possèdent assurément un statut un peu particulier. En effet, si leur audience hors des frontières des pays qui le constituent est relativement faible, la passion, la ferveur et l'activisme sans faille compensent tout ceci aisément. Il n'est pas ainsi surprenant pour le très curieux de se retrouver quand même dès lors face à des productions issues entre autres du Chili, du Mexique. Pour ce qui est de PLASTIQUE NOIR, le quatuor qui nous intéresse ici, on fera un arrêt simple sur les plages de Fortaleza au Brésil, ville dont il est originaire.

Dead Pop est apparu en 2008 comme une mouche sur le visage. C'est toujours d'ailleurs avec une certaine curiosité, parfois peut-être même un peu déplacée (un attrait pour un pseudo-exotisme) que l'on écoute une production émanant d'un pays si peu coutumier de ce style. Les Brésiliens s'inscrivent dans ce moment revival où internet a été un facilitateur de projets pour le meilleur et le plus souvent pour le pire. Qu'attend-on vraiment d'un projet en ce début de siècle où tout semble déjà avoir été dit ?

PLASTIQUE NOIR fait incontestablement fi de ces préoccupations et délivre un premier album très, voire trop gourmand, direct, sans fioriture et globalement efficace. Dead Pop est comme une carte de visite. Le groupe, et ceci sera une constance dans son futur malgré l'expérience acquise, part toujours un peu dans tous les sens. Il brasse plutôt large dans ses influences et désire nous le faire savoir. Difficile en effet de ne pas savoir vers qui penchent les amours musicales des Brésiliens. Il n'empêche que même si celles-ci sont facilement identifiables, la saveur à l'écoute de ces treize titres n'est en rien diminuée.

Le projet connaît ses gammes et il n'est dès lors pas surprenant d'y entendre des titres qui doivent tout autant au rock gothique, post-punk, voire batcave. PLASTIQUE NOIR aime les guitares et lorsqu'il aborde le goth' à travers son versant le plus classique, il fait mouche. Les excellents "Silent Shout" et "Those Who Walk By The Night", tout en voix grave, guitare tranchante et basse à la Peter HOOK, atteignent l'auditeur sans peine. Pour la nouveauté, on repassera, mais pour le savoir-faire, on s'arrêtera. De maîtrise, il en est justement question avec la voix de Airton S qui offre une joli atout supplémentaire. Si elle se fait sombre et nuancée, elle n'est pas pour autant d'outre-tombe et caricaturale.

Comme sur le classique "Empty Streets" ou le plus tendu "Creep Show", le Brésilien enveloppe avec une conviction non forcée ces notes nocturnes. Dead Pop offre un éventail de styles au risque de se disperser. C'est sans doute l'ardeur juvénile qui fait passer PLASTIQUE NOIR de "IML", un titre déjanté aux effluves batcave et aux lentes processions accompagnées de lugubres claviers que sont "Nihil" et "Morphine Days". La boîte à rythme claque et soutient comme le souligne le très Goth "Desire or Disease" un ensemble à la qualité mélodique et le côté pas prise de tête pour un Real ("Imaginary Walls").

Si l'auditeur frôle parfois l'indigestion, il trouvera néanmoins avec Dead Pop un large spectre de ce qui fait le sel des musiques sombres. Les Brésiliens auraient sans doute gagné à resserrer leur propos mais grâce à cet album, ils ont mis sur le planisphère gothique leur pays. Ce n'est déjà pas si mal !