Après un premier album de très bonne facture, et qui a reçu un très bon accueil le trio vocal des ISRAEL VIBRATION a beaucoup changé. Leur premier disque a été repéré par Bob MARLEY qui les a invité ouvrir pour lui lors des deux dates jamaïcaines du Survival Tour en 1979. Autre coup de pousse de la star du Reggae, celui-ci les invite à utiliser son tout nouveau studio (Tuff gong), pour enregistrer leur deuxième album. Le tout, en utilisant certains des musiciens des WAILERS (Carlton Barrett, Tyrone Downie...).

Au-delà de tous ces changements, ce deuxième album diffère également de son prédécesseur qui était totalement habité par leur foi. Avec Unconquered People les ISRAEL VIBRATION s’ouvrent un peu plus au monde et se positionnent un peu moins comme un groupe religieux (même si la religion tient toujours une place très importante dans leur œuvre). Les arrangements, même, s’ils sonnent désormais un peu datés, sont toujours de toute beauté, le groupe ayant désormais recours à des musiciens chevronnés. Et on sent que le trio a gagné en confiance et en maitrise. De fait, l’album comprend quelques futurs grands classiques du groupe tels que "We A De Rasta" et "Give I Grace".

Au delà de ces pépites, nous trouvons d’autres titres qui, s’ils n’ont pas connu le même destin, sonnent de manière particulièrement efficace. Il en va ainsi de "Mr. Taxman" et de "Unconquered People" qui proposent un reggae assez calme et sobre porté par des harmonies vocales et des chœurs de toute beauté. On retrouve cette singularité propre à ce groupe qui est bien plus axé sur le chant et les harmonies vocales que les autres formations de Reggae pour qui l’instrumentation occupe une place plus importante. Et il faut bien dire que ISRAEL VIBRATION possède cette fibre, cette saveur particulière que l’on ne retrouve peut être que chez CULTURE.

Il faut toutefois reconnaitre qu’à côté des excellents, ou très bons titres que l’on trouve sur ce Unconquered People, le groupe propose également plusieurs morceaux un peu plus fades et plats, parmi lesquels on peut citer "Dwellers Of Darkness" et "Survive" qui donnent un peu le sentiment d’écouter toujours la même chanson. Ce sont des titres dans lesquels on a le sentiment que le groupe délaisse un peu trop l’aspect musical en se concentrant principalement sur les paroles et leur message. Ce qui est un peu frustrant pour les non anglophones ou pour les auditeurs un peu hermétiques aux louanges mystiques du trio.

On peut également noter que, en de rares occasions, le chant, et principalement les chœurs, peuvent paraitre un peu plaintif et irritant, comme c’est le cas sur "Possibility". Mais ces deux petites réserves ne sont pas de nature à occulter le fait que nous avons là un album très solide, une pierre angulaire du Reggae traditionnel.
Une référence en la matière.