NEKTAR est formé à la fin des années soixante par quatre musiciens anglais installés à Hambourg. On pourrait supposer que la musique du quatuor est influencée par le Krautrock allemand mais malgré l’aspect expérimental/psychédélique de certains de leurs morceaux, leur style est totalement imprégné de l’esthétique du rock progressif britannique. Après quatre albums sortis entre 1971 et 1973, le groupe décide finalement de se débarrasser du carcan habituel qu’on retrouve dans les disques de prog de l’époque. En effet, Down To Earth se démarque des précédents à plusieurs égards. Les techniques instrumentales sont plus simples, les mélodies sonnent plus pop et s’éloignent de la grandiloquence des groupes phares qui excellent en la matière telles que YES ou VAN DER GRAAF GENERATOR. Fini les ambiances planantes et les orchestrations ultra sophistiquées, direction les tonalités plus simples qui sonnent davantage pop. Certains pourraient regretter ce virage mais il est, à mon sens, pertinent et même raisonnable puisqu’il va enfin leur permettre d’acquérir une véritable identité sonore. En effet, leurs premiers albums n'ont hélas pas réussi à les démarquer des plus grands. De plus, le groupe semble avoir atteint son apogée avec l’excellent Remember The Future sorti quelques mois plus tôt. Les quatre anglais ont évité le pire, sombrer dans une continuité d’albums qui sonnent de plus en plus pompeux et incompris. C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme et de curiosité qu'on découvre Down To Earth, haut en couleur, joyeux et parfois déjanté.

Album conceptuel basé sur le thème du cirque, l’esprit, mais aussi les tonalités de Down To Earth, rappellent l’univers de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ou même de l’excellent Act One de BEGGARS OPERA. Globalement, c’est la section rythmique et l'importance de la guitare heavy qui apportent un élan nouveau à leur musique. Les parties chantées sont, elles aussi, davantage mises en avant et c'est très plaisant. Le premier morceau, « Astral Man », donne le ton : l’alliance du piano et de la guitare heavy nous donne envie de découvrir la suite qui promet d’être tout aussi dynamique et enjouée. « Nelly The Elephant », superbement mis en valeur par les cuivres, est sans doute le morceau le plus prog de l’album. Essentiellement instrumental, ici ce sont la guitare et le clavier qui nous offrent une belle démonstration de force (et qui prouvent, par la même occasion, que le groupe est toujours attaché aux complexités rythmiques !). « Early Morning Clown », un peu moins accrocheur, est un bel hommage au groupe Yes. Les similitudes acoustiques et l’utilisation du clavier rappellent étrangement « And You and I ». Arrive ensuite le plat de résistance, « That’s Life ». On apprécie tout particulièrement l’alternance des passages chantés et des sections plus énergiques où guitare heavy et basse s’allient brillamment. C’est sans doute le titre le plus réussi de l’album. Parmi les autres points forts, « Fridgety Queen » et son approche plus hard façon DEEP PURPLE mais également « Show Me The Way », au rythme entêtant, enterrent définitivement le côté mélodramatique et l’approche psychédélique de leurs albums précédents.

La plupart des morceaux sont très plaisants à écouter et les influences sont si variées que le groupe ne tombe jamais dans l’imitation comme il a pu le faire auparavant. Et malgré un côté pop revendiqué, ils continuent, avec beaucoup plus de spontanéité, à manifester leur intérêt pour les jolies digressions instrumentales et les tonalités complexes. Pari réussi, NEKTAR a parfaitement réussi à se renouveler avec ce cinquième album.