Née en Corée du Sud, Jennie Kim passe son enfance en Nouvelle-Zélande avant d’intégrer le quatuor BLACKPINK, le girlsband qui a porté la K-Pop sur les ondes mainstream. On l’a entendue rapper et chanter au sein du groupe et on l’a vue à l’écran dans The Idol il y a deux ans. JENNIE a ce charme un peu félin et une confiance en elle qui lui permettront peut-être de se payer un gros succès avec son premier disque, Ruby.

La première chanson du projet, "Intro : Jane" me surprend déjà. Je m’attendais à de la pop dansante mais JENNIE nous sert un titre délicat façon boîte à musique, produit par le français FKJ. Les petits murmures subtils de cette introduction disparaissent bien vite au profit des basses lourdes et un peu psyché du single "Like Jennie", un hit mi-pop, mi-trap produit par DIPLO sur lequel la chanteuse donne un chouette aperçu de ses talents : des refrains qui claquent, un rap agressif et des lignes chantées avec une énergie qui donne envie d’en entendre davantage.

Le problème, c’est que ça tombe à plat très vite : les sonorités R&B froides mêlées aux effets vocaux de "Start A War" 'me pompent l’air à mort', pareil pour le single "Handlebars" chanté avec Dua LIPA. Les voix graves des deux chanteuses marchent bien ensemble et, malgré quelques touches de glockenspiel sympas, l’instrumentation saccadée ne décolle jamais et on s’ennuie bien vite à l’écoute de tant de monotonie. Je préfère entendre JENNIE sur des compositions plus dynamiques comme le single "Mantra", pas révolutionnaire non plus mais, entre les percussions, la basse et les chuchotements de la chanteuse, j’y trouve assez de contraste pour ne pas piquer du nez.

Le beat de "Zen" a un aspect lo-fi, c’est peut-être le moment le plus expérimental et le plus sombre du disque avec des textures quasi industrielles et une performance vocale réussie qui va du rap ciselé au joli chant éthéré. J’aime beaucoup la vibe R&B du morceau "Damn Right" mais je ne suis pas encore certaine que JENNIE soit aussi bonne dans ce genre qu’en pop car le titre est réellement porté par la voix suave de Kali UCHIS et la présence sensuelle de Childhish GAMBINO.

Pas de chance pour JENNIE car je me retrouve face au même constat sur la majorité des featurings de l’album… Ce sont tous de bons morceaux, mais JENNIE s’efface un peu derrière ses invités, que ce soit l’américain Dominik FIKE sur le beat aux consonances hip-hop du single vaporeux "Love Hangover" ou face à la rappeuse DOECHII dans "ExtraL", qui s’écoute malgré tout plutôt bien.

JENNIE pioche le sample de "Jenny From The Block" pour son titre "With The IE (Way Up)", en lui donnant un petit twist pop-trap, c’est un moment assez cool mais, mis à part ça, rien de neuf sous les tropiques. Si JENNIE essayait d’affirmer son identité sur la première moitié de l’album en envoyant de gros beats lourds, on change de cap complet sur la deuxième moitié et là, pour mon plus grand plaisir, c’est l’explosion de chialantes en tout genre, je ne sais même plus où donner de la tête. "F.T.S." est une ballade au piano bien barbante, "Filter" part sur un beat électro-pop plus pulsant mais derrière l’ambiance un peu dark, le chant de JENNIE nous ramène au domaine de la plaintive qui manque d’originalité. Quant aux morceaux "Seoul City", "Starlight" et "Twin", qu'en dire si ce n’est que c’est du vu et revu ?

Hélas, malgré quelques instants sympas, je ne peux pas me résoudre à mettre plus de 2,5 à cet opus. Si ce premier album a des aspects sophistiqués mais aussi percutants par moments, Ruby est surtout une occasion manquée d’imposer réellement sa personnalité. Pour le moment, la chanteuse de 29 ans semble bloquée au stade des petits essais musicaux bien formatés et dénués de toute identité propre. JENNIE teste et verra bien ce qui accroche I guess ?