On commence à entendre son nom partout ces derniers temps, on sort son tube "Messy" à toutes les sauces, mais Lola YOUNG a débuté avec un premier projet truffé de singles dont on parle assez peu. L’anglaise dévoile My Mind Wanders And Sometimes Leaves Completely en 2023 après avoir été signée chez Island Records grâce à l’ancien manager d’Amy WINEHOUSE qui l’avait repérée quelques années auparavant. Un titre long comme une phrase griffonnée dans le journal intime d’une chanteuse au nom doux et affirmé.

YOUNG, c’est en premier lieu une voix qu’on reconnaît de suite, rauque et suave, pleine d’attitude. Sur le single "Stream Of Consciousness" qui ouvre le disque, Lola parle plus qu’elle ne chantonne, dans un spoken word très mélodieux et elle nous livre ses pensées, entre irritation et lassitude, sur des nappes de claviers fantomatiques. Les jalons de son style sont posés : une pop-soul crue souvent teintée comme ici de R&B atmosphérique dans le morceau un peu mou "Semantic Satiation" ou d’ambiances lo-fi comme sur "Revolve Around You". C’est sympa, mais sans plus, moi qui m’attendais à des uppercuts sous forme de chansons, je suis déçue par cette tiédeur.

On ne sait pas trop où Lola veut aller et quand on avance dans le brouillard, même avec une belle voix, on n’avance qu’à tout petits pas. Le talent est là mais l’ensemble de l’album peine à se positionner, également sur de belles chansons élégantes comme "Chill Out" où elle explore les fissures de son coeur avec une sorte de retenue, munie de sa voix rocailleuse.

Il y a des fulgurances (les très bons singles "Money" et "Don’t Hate Me"), mais elles sont noyées dans un océan de morceaux qui se ressemblent un peu trop, qui tirent en longueur malgré des durées tout à fait ordinaires, qui manquent de risque. Une portion conséquente de chialantes endort le projet et le fait flotter dans une ambiance dépressive, comme la ballade épurée au piano "Annabel’s House", la satire triste de "Pretty In Pink" avec son piano discret et ses choeurs mélancolique, la lamentation pop-rock "What Is It About Me" ou encore l’acoustique sobre soul de "Black Cab" où on entend presque les cordes vibrer sous les doigts. Je n’accroche pas trop mais Lola YOUNG, derrière sa voix puissante, reste une jeune femme de 22 ans, fragile et sincère, qui ne fait que raconter ses expériences douces-amères.

J’aime la rythmique de "Money", ce changement d’ambiance, cette basse qui rampe et la voix de la chanteuse plus assurée sur des arrangements denses mais c’est le titre "Don’t Hate Me" auquel je reviens le plus souvent. Prenez la vibe de "Conceited", ajoutez-y une batterie pop-rock et une guitare électrique grinçante pour porter le morceau vers une montée instrumentale dont l’album avait cruellement besoin. Un refrain mémorable, des couplets totalement incarnés par leur interprète (You said that I’m really fucking boring/Well that’s rich coming from you/Cause when you rain you’e fucking pouring), et vous aurez l’une des grandes réussites émotionnelles de l’album.

En faisant de son mal-être la matière première de ses textes, nul ne doute que Lola YOUNG est une voix générationnelle en devenir. My Mind Wanders And Sometimes Leaves Completely est loin d’être affligeant. Il est prometteur puisque la chanteuse a déjà tout : la voix, la personnalité et l’envie de gratter là où ça fait mal. Mais l’album a peut-être été un peu mal cadré pour réussir à se démarquer et ses dix morceaux sonnent un peu léger. Vu le talent de YOUNG, je suis certaine qu’elle peut faire mieux, comme son deuxième album nous l’a prouvé.