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CHICAGO - Chicago Iii (1971)
Par ARCHANGEL le 8 Mai 2025          Consultée 123 fois

Quand on découvre CHICAGO pour la toute première fois, il y a cette impression rare et presque physique de tomber dans un univers parallèle et leurs deux premiers albums m’ont rendus accro grâce à un revers de cuivres et des guitares psychédéliques. Sorti en 1971 par le noyau de musiciens qui reste inchangé à cette époque, Chicago III nous immerge dans ce qui fait la marque de fabrique du groupe, cette approche multi-instrumentale tellement riche et cette capacité incroyable à mêler le rock au jazz, je ne sais pas vous, mais moi je suis prête à plonger la tête la première.

CHICAGO ne change pas les bonnes habitudes, ce sera un double album, 23 chansons, trois longues suites conceptuelles, autant dire que ces mecs ne manquent toujours pas d’ambition. Le disque débute sur la basse funk de Peter CETERA qui prête sa voix à "Sing A Mean Tune Kid", c’est du CHICAGO pur jus pendant près de dix minutes : les claviers groovy de Robert LAMM, le trombone acide de James PANKOW et les cuivres lourds de ses deux acolytes, Walter PARAZAIDER et Lee LOUGHNANE, qui viennent hâcher cette fusion de soul, de rock et de funk par des breaks ultra-denses. J’aime beaucoup le solo de guitare assuré par Terry KATH, génie du manche.

KATH chante "Loneliness Is Just A Word", un titre court et accessible qui porte aussi toutes les qualités d’un bon titre de CHICAGO sans pour autant provoquer un énorme intérêt selon moi, de la même manière que la ballade "What Else Can I Say", interprétée par CETERA, qui malgré de belles harmonies manque méchamment de peps. Malgré ces moments plus soft, CHICAGO balance un revirement radical de tonalité grâce au morceau "I Don’t Want Your Money". Retour au gros son avec ce funk-rock signé KATH, ici chanté par un LAMM qui donne tout sur fond de riffs rageurs et de cuivres braillards. On y sent l’influence des pendants psychédéliques de la musique à cette période, qu’on perçoit encore sur "Mother", un morceau où le synthé à la part belle mais qui laisse la trompette et le trombone se payer chacun un solo bien, bien perché.

Il y a aussi le single "Lowdown" qui est assez sympa avec l’espace théâtral impressionnant donné aux cuivres massifs et un solo de KATH rugueux et complètement électrique, sans parler du groove funk-rock de CETERA au chant. Malheureusement, alors que CHICAGO enchaînait les morceaux-phares dans ses albums précédents, les idées sont ici travaillées en suivant une recette qui fonctionne sans pour autant créer des uppercuts sonores à chaque tentative.

La "Travel Suite" regroupe six chansons pour plus de vingt minutes d’une odyssée progressive qui commence par l’instru douce et apaisante de "Flight 602", on croirait entendre les BEATLES pour le petit côté gnangnan des harmonies vocales. La suite devient instantanément plus chaotique dans "Motorboat To Mars", un solo de batterie et de percussions exécuté avec une grande maîtrise par Danny SERAPHINE. Le spectacle est débridé, pas mauvais même si ça semble peut-être un peu hors de propos.

Le single "Free" allie parfaitement les sonorités jazz à un rock brûlant qui relance la machine de cette suite qui ne semble pas savoir où elle veut nous emmener. Le refrain appelle à accompagner KATH en le chantant à tue-tête et on ne peut évidemment pas rester de marbre devant ces riffs de cuivres explosifs qui donnent le smile. "Free Country" est une drôle de curiosité instrumentale qui se joue entre le clavier de LAMM et la guitare de KATH, tous les deux flottant sur une atmosphère jazzy, presque ambient avant l’heure. Là où l’ésotérisme frappe, c’est quand PARAZAIDER intervient avec cette flûte planante que j’avais déjà tant aimé dans "Ballet For A Girl In Buchannon".

Les tableaux se poursuivent avec le superbe duo vocal CETERA-LAMM sur "At The Sunrise" et "Happy ‘Cause I’m Going Home". Rien d’exceptionnel pour la première mais l’ambiance est vraiment chouette dans "Happy ‘Cause I’m Going Home", une sorte de fusion pop-jazz aux sonorités souples et dansantes, presque latines. Ça tranche pas mal avec le reste du disque et la vibe légère renforcée par cette flûte virtuose et brillante me semble faire de cette chanson l’une des plus belles réussites de Chicago III.

La deuxième partie de l’album poursuit sans complexe avec les expérimentations de KATH sur "An Hour In The Shower" qu’il compose et chante dans son intégralité. J’adore les cuivres pimpants de "A Hard Risin’ Morning Without Breakfast" qui annoncent d’ores et déjà une belle suite. On poursuit avec la même énergie sur "Off To Work" et "Fallin’ Out" alors que "Dreamin’ Home" fait ralentir le tempo pour mieux repartir sur "Morning Blues Again". Bien sûr, c’est loin d’être fastidieux à l’oreille mais ce n’est pas assez pour provoquer la véritable passion.

Chicago III se termine par la grande fresque finale "Elegy". LAMM récite le poème When All The Laughter Dies In Sorrow de l’anglais Kendrew Lascelles sur la chanson du même nom, puis le groupe nous offre "Canon", un titre où les instruments évoluent joliment entre eux avec beaucoup de dynamisme, suivi du ton doux et un peu funèbre de "Once Upon A Time". Les cuivres sont infatigables dans "Progress?", rejoints par ces percussions martiales et apocalyptiques, que dire si ce n’est qu’on peut se demander si la décadence du progrès de la civilisation moderne se terminera de la même manière que cette chanson géniale : au fond de la chasse d’eau.

Le ton devient moins grave sur "The Approaching Storm" mais encore une fois, la recette manque de saveur à mon goût. Pour mon plus grand plaisir, nos sept musiciens d’exception sonnent le clap de fin avec un morceau assez magistral, "Man Vs. Man: The End". Il y a quelque chose d’expérimental qui aurait mérité d’être poussé encore plus loin mais quel plaisir de terminer par cette rythmique si soutenue.

Chicago III ne contient pas d’accroc majeur cependant la musique de groupe est jouée dans une forme qui n’est pas sans turbulences mais qui est surtout vide de morceaux intemporels. Attention, on reste sur un terrain absolument qualitatif, d’ailleurs je leur donne sans hésiter un joli petit 3,5. Pas de doute, CHICAGO a l’ambition nécessaire pour produire de grandes chansons et bien qu’ils restent un groupe monstrueux, mon appréciation vacille un peu : j’admire toujours mais je vibre moins, excepté sur certains titres comme "Happy ‘Cause I’m Going Home" qui relâche la pression d’un album surchargé et peut-être un peu trop généreux. Je range donc ce projet un cran en-dessous de ses prédécesseurs mais franchement, si tous les petits ratés de l’histoire de la musique avaient cette classe, l’échec deviendrait un art noble à part entière.

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   ARCHANGEL

 
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- Terry Kath (chant, guitare)
- Robert Lamm (chant, claviers)
- Peter Cetera (chant, basse)
- Danny Seraphine (batterie, percussions)
- Walter Parazaider (saxophone, flûte)
- Lee Loughnane (trompette)
- James Pankow (trombone)


1. Sing A Mean Tune Kid
2. Loneliness Is Just A Word
3. What Else Can I Say
4. I Don’t Want Your Money
5. Flight 602
6. Motorboat To Mars
7. Free Country
8. At The Sunrise
9. Happy ‘cause I’m Going Home
10. Mother
11. Lowdown
12. A Hard Risin’ Morning Without Breakfast
13. Off To Work
14. Fallin’ Out
15. Drain’ Home
16. Morning Blues Again
17. When All The Laughter Dies In Sorrow
18. Canon
19. Once Upon A Time
20. Progress?
21. The Approaching Storm
22. Man Vs. Man: The End



             



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