AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

S’il y a un univers qui mériterait de se voir attribuer le genre Inception, c’est bien celui de DAISY JONES & THE SIX. Tout débute en 2019 avec le livre de Taylor Jenkins Reid, autrice américaine à succès, et dont la série est annoncée à peine quatre mois après la sortie du bouquin. Toujours sous le nom de DAISY JONES & THE SIX, la série dont le tournage prévu a été repoussé en 2021 pour cause de pandémie mondiale met en scène dans les rôles principaux l’anglais Sam Claflin et l’américaine Riley Keough, petite-fille du King Elvis PRESLEY, dans cette histoire qui retrace les pas du groupe fictif des années septante : DAISY JONES & THE SIX.

DJ&TS, c’est donc un livre, une série et un groupe à la fois. Le récit est inspiré par FLEETWOOD MAC et les nombreuses histoires du groupe, entre amour et haine. Du coup, presque pas besoin de spoiler alert, ou alors juste en trois mots : sex, drugs and rock’n’roll !
Aurora, le premier disque du groupe, fait bien évidemment la promotion de la série produite par les studios d’Amazon et disponible sur la plateforme courant 2023. Si certains des acteurs qui forment le band THE SIX sont musiciens amateurs, seule Suki WATERHOUSE vit de sa musique, alors que Riley Keough qui interprète Daisy JONES n’avait que l’habitude de pousser la chansonnette avec son mari avant d’endosser ce rôle de superstar en devenir.

Les prémices de DJ&TS top-chrono : les frères Dunne et leurs copains, qui forment leur premier groupe The DUNNE BROTHERS, tentent de percer hors de Pittsburgh pendant que la party girl Daisy JONES écume les soirées de L.A. avec sa pote, la chanteuse disco Simone, et écrit des chansons avec une facilité déconcertante. The DUNNE BROTHERS commencent à se faire une notoriété, intègrent Karen au clavier (jouée par WATERHOUSE) et prennent le nouveau nom de The SIX. Il faudra bien des galères à The SIX avant d’être signés pour un album. Quand le succès vient sonner à la porte, Billy DUNNE, chanteur du groupe, sombre dans la drogue et laisse tomber le groupe. Le hasard fait bien les choses, puisque le producteur de The SIX branche Daisy avec le groupe afin qu’elle réécrive le titre "Look At Us Now (Honeycomb)" que Billy a écrit pour sa copine, faisant de cette chanson d’amour un hit interprété en duo qui cartonne dans toute l’Amérique.

Pendant ce début de carrière fulgurant, Billy et Daisy s’affrontent en duel : battle d’ego, créativité en ébullition, attraction physique, combat avec leurs vices ; le duo s’aime, un peu, beaucoup, à la folie et parfois pas du tout. "Aurora" qui ouvre le premier album du groupe donne le ton. On est sur du rock gentillet mais bien rythmé où la guitare musclée accompagne les voix de nos deux chanteurs. On constate le talent vocal de Daisy sur "Let Me Down Easy", un des grands tubes du groupe qu’on nous rabâchés à longueur d’épisode pour notre plus grand plaisir (You found me lost in a daydream feelin’ I’ve been awake too long/My eyes are open while my heart keeps sinking deeper ’til the days are gone), et c’est le même constat pour le single à la guitare acoustique "Look At Us Now (Honeycomb)" où les parties instrumentales permettent de conserver notre attention.

DJ&TS font aussi dans les ballades où les voix de Billy et de Daisy s’harmonisent pour faire allusion à leur amour, comme sur "No Words" ou "You Were Gone" aux airs de beach vibe 60"s (The center of the night was you), alors que Daisy, mélodieuse et délicate, chante en solo sur la guitare acoustique et l’orgue de "Two Against Three". Quant à lui, Billy se paie aussi un solo, "Please", plus sombre et aux sonorités presque psychédéliques. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, la star du groupe, c’est Daisy : l’accent est mis sur ses vocalises, aussi bien sur "The River", une chanson au tempo bien cadencé et à la production pleine de saveurs (If I follow you to the river/Send my blues out to the sea/Will you stay with me forever ?/Will you chase me in my dreams ?) que sur l’ambiance teintée d’éléments funk dans le hit "Kill You To Try" (Show me, I’d blind myself to see it/Call me back to bed with that old lullaby/You’ve got no damn right to be so damn heartbroken).

Représentant l’essence même du groupe et parmi les meilleurs moments du disque, l’échange costaud et constant entre nos deux protagonistes symbolisé à la perfection par "Regret Me" et "More Fun To Miss", deux titres piquants et captivants. Billy écrit "More Fun To Miss" à propos de Daisy après une soirée bien arrosée où la chanteuse part dans tous les excès (You’re a just wild guess in a see-through dress et More fun to miss than to be with/More fun to kiss than to be with). Le single "Regret Me" sera comme une réponse à ces accusations, incarnant l’attitude confiante de celle qui dit ne pas vouloir être la muse de quelqu’un puisqu’elle est déjà quelqu’un (I’m a slippage in the system with a natural gift, how I move/So go ahead and regret me but I’m beating you to it, dude).

Aurora est un régal comme on en attend d’un groupe tel que DJ&TS. Car oui, pour rappel, on est en train de parler d’un faux groupe de pop rock produit durant les années septante dans un univers parallèle, donc c’est plutôt une très bonne réussite puisque tout se laisse écouter sans aucune difficulté, avec des moments forts qui nous transportent avec aisance dans l’univers rétro de la série. La tension romantique et créative est à son comble, surtout à l’écran, mais Aurora reste un album qui renvoie à la nostalgie avec ses mélodies saisissantes et la dynamique de Billy, Daisy et le reste du groupe. Entièrement écrit et produit in real life par le musicien Blake Mills qui s’entoure d’une flopée de collaborateurs légendaires pour créer en Aurora un hommage réussi au classic rock et à l’histoire de DJ&TS qui vaut un 4 en particulier pour les titres aux mélodies enhardies où Riley Keough sonne comme une vraie rockstar.