Le premier album du combo américain avait fait l’effet d’une véritable claque. Original, puissant... C’est le genre d’album qui change totalement votre vision de la musique. Ce deuxième album est un petit peu différent. Il reste dans le même style jazz-rock mais le tout se veut peut-être moins progressif et plus accessible. Du coup, l’écoute de ce disque est moins déroutant que Transit Authority. Mais il est tout de même étonnant.

D’ailleurs, voyez vous-même : 23 chansons... En réalité, l’album n’en comporte que onze, mais certaines sont découpées en plusieurs pistes. C’est le cas de « It Better End Soon », un très bon morceau de dix minutes étalées sur quatre pistes, sur lequel on ressent l’influence de l’album précédent ; « Mourning » fait la part belle aux instruments à cordes, et introduit « Memories Of Love » ; quant à toutes les chansons de « Make Me Smile » à « Now More The Ever », elles constituent en fait une seule et unique chanson intitulée « Ballet For A Girl In Buchannon ».

Alors vous devez pensez que je me contredis, parce qu’une telle structure peut effrayer les non-amateurs de ce genre d’album. Je vais donc tenter de vous convaincre en vous assurant que le passage d’un mouvement à l’autre ne se sent pas du tout. Vous avez donc l’impression d’être en train d’écouter « So Much To Say ... » depuis trois minutes, mais en fait vous êtes déjà à la neuvième chanson, et vous allez bientôt enchaîner avec « Colour My World », une ballade mélancolique planante, et un de leurs tubes. Parlons justement des morceaux en eux-mêmes.

Chicago II contient des tueries jazzy par paquet de dix. On démarre en trombe avec les cuivres de « Movin’ In », suivis par le chant du guitariste Terry KATH doté d’une voix sublime. Il est vite rejoint par les chœurs, puis le déménagement commence : on accélère un brin et c’est parti pour deux minutes de solo, avant de reprendre un couplet et finir en fanfare comme les membres du groupe savent si bien le faire. Une ouverture quasi-parfaite. Parmi les immanquables qui ne peuvent qu’enrichir vos connaissances, citons également « The Road », qui sonne comme une comptine au départ mais se révèle de très bonne qualité. Prenons comme modèle d’exploitation des chœurs « Make Me Smile », où la voix de KATH fait là aussi des merveilles. L’excellent « In The Country » fait parti des meilleures pistes, au même titre que « 25 or 6 to 4 ». On termine avec « Where Do We Go From Here », ou comment finir un album en beauté, sur une mélodie impeccable.

En fait CHICAGO peut être fier d’avoir pondu là un album dans la continuité de Transit Authority : un album de qualité, travaillé, ne contenant aucune mauvaise chanson. Le seul défaut que je lui trouve est le morceau « Mourning », un peu mou... Mais ça, c’est personnel, hein !