Les mauvaises manières continuent de se foutre de la gueule du monde avec la régularité d’un leveur de coude du samedi soir au pub. Le succès est constant et doit beaucoup à la personnalité extravertie et exacerbée de leur leader Buster Bloodvessel dont les exploits le suivent à la trace partout où il passe – comme de montrer son cul à la télévision italienne. Tout ceci est potache et il faut bien trouver le moyen de s’amuser dans une Grande Bretagne minée par les conflits sociaux. En 1982, le groupe est certes un second couteau du Ska derrière les intouchables MADNESS mais il n’en demeure pas moins que leur concerts attirent pléthore de monde et que les disques s’écoulent fort bien. Cette couverture élégante et modeste est celle de leur quatrième opus après seulement 3 ans d’existence discographique !

Vous avez dit Ska ? Les furieux du pub nous envoient direct "That’ll Do Nicely" dans la mâchoire pour envoyer le skeud, c’est gai et se déguste tel un five o clock tea, et voyez donc ce bridge aux forts accents classiques puis hispanisants, je vous l’accorde c’est du grand n’importe quoi, mais c’est aussi ça qui est bon ! Il y a ici de la culture biblique ! Mais oui, voyez donc le titre "Samson And Delilah" avec une rythmique assez fendardes et des paroles excentriques au possible. Buster multiplie les cris et onomatopées pour le plus grand plaisir de son auditoire ! "Tonight Is Your Night" sous des atours plus calmes, est au contraire le lieu d’une farouche revendication festive, et vous allez voir, vous allez vous retrouver à gueuler le refrain en compagnie de ce bon Buster en deux secondes. On continue avec les concepts grotesques, spécialité de ce groupe de désoeuvrés notoires ! Ceci nous donne "Educating Marmalade" et son énorme débauche de cuivres doublée des éructements du gros Buster.

"My Girl Lollipop" est une reprise du groupe de Doowop les CADILLACS, et va atteindre le top 10 grand breton, quand je vous dis qu’ils plaisent ! La bonne humeur est au programme impossible de ne pas avoir la banane là-dessus ! "Rose Of Italy" à laquelle les cinglés appliquent un rugueux traitement est quasi opératique, écoutez donc Buster éructer tel un Pavarotti du Ska là-dessus ! Ce titre festif à l’ambiance ensoleillée est pour le moins original. Certains titres ne trompent pas, et malgré le chant toujours un peu approximatif de Buster, "Seventh Heaven" est fort plaisante et cogne en plein dans le giron fusionnel de la ska two tone, en incorporant éléments épars avec beaucoup de succès. "Salad Bar" est une explosion sans fin de cuivres très sympa comme sur les couplets de "Got No Brains".

Nous continuons dans le trip party avec "Exodus" et ses cuivres rebondis, on constate une saine évolution mélodique du groupe vers des chansons plus abouties au risque de perdre un brin de leur aspect festif. Les saxophones de Kane et Marston y sonnent magnifiquement, et ça ne rate pas vous aurez toujours envie de sauter sur place tel un marsupilami. Les choeurs de la fine équipe sont de toute beauté, on se croirait dans un stade de foot en train de gagner. On sait le groupe assez fan de rock’n’roll et les voilà qui nous balancent un "What’s Up Crazy Pup" assez géniale de derrière les fagots, une espèce de boogie woogie drivé par le piano furieux de Martin Stewart. Les choeurs féminins assurent sur "Falling Out Of Love", hélas, la très scandée "Your" est beaucoup moins dans mon trip, je la trouve irritante et trop basique.

Ce quatrième opus me semble de meilleure qualité que les précédents, nous sommes sur un 3,5 de bonne qualité et nous assistons ici à une avalanche de bonne humeur et un peu moins de grossièretés – à peine moins mais tout de même ! Je reste sur un 3 mais je recommande cet opus pour découvrir le groupe.