Cela faisait longtemps que l’activité des FISHBONE était assez erratique, leur dernier album, Still Stuck in Your Throat datant tout de même de 2016.
C’est dire si la surprise a été grande de les voir réapparaitre, fin novembre 2024, avec le single "Racist piece of Shit". Mais alors que l’on pouvait penser qu’il ne s’agissait là que d’une réaction conjoncturelle et épidermique liée à l’élection de Donald Trump, il s’avère que cela présageait en fait du retour du groupe aux affaires. Avec l’annonce d’un album pour fin juin 2025 : Stockholm Syndrome.

Il faut dire que la géométrie du combo californien a profondément évolué ces derniers temps. Ainsi, en janvier 2024, John Steward (batterie) a quitté le groupe pour la seconde fois. Puis ce fut au tour de John Norwood Fisher (basse et chant) et Walter A. Kibby II (trompette et chant), deux membres historiques d’être débarqués du projet, la même année.
Le line-up a connu d’autres soubresauts mineurs, avec notamment le recrutement puis le départ quasi immédiat du guitariste Mark Philips, remplacé par Tracey Singleton qui avait déjà quitté le groupe en 2003. Pour faire simple, il ne reste plus que l’emblématiques Angelo Moore comme membre inamovible de FISHBONE et, dans une moindre mesure, Christopher Dowd qui, s’il était présent dès 1979, a tout de même quitté le groupe durant plus de vingt années.
Pourtant, on retrouve bien l’essence de FISHBONE, ce mélange d’activisme musical et de sens du groove. Comme c'était le cas de "Racist Piece of Shit", le groupe se veut porteur d’un message politique. Il s’agit ici d’alerter sur les divisions croissantes qui isolent la population en communautés hermétiques et sourdes aux autres.

Pour illustrer son propos, FISHBONE a invité George Clinton à participer à cette démonstration de punk-ska-funk, sachant que le groupe avait ouvert pour lui sur plusieurs dates en 2019.
Même si quatre des six musiciens ont rejoint le groupe depuis moins de deux ans, la cohérence de l’ensemble et l’identité musicale de FISHBONE n’en souffrent pas. On retrouve tout de suite nos marques avec les rythmes chaloupés, les guitares skanking et les cuivres très présents. Tout au plus peut on constater ici le rythme un peu moins syncopé et le chant moins percutant. Dans ce dernier cas, cela est principalement dû au fait que les vocaux son majoritairement partagés, avec une logique qui tient plus de l’harmonie que de la combativité verbale.

Malgré cela, et un léger manque de la folie dont le roupe était coutumier, le morceau tient très bien la route. Cela fait plaisir de retrouver les FISHBONE en aussi grande forme et de constater que les tourments que le groupe a traversés récemment n’ont pas affecté son talent.
Vivement l’album.