Cet album sans titre est la première publication d’ARCHAÏA, mais ce n’en est pas le premier enregistrement. En effet, le groupe, alors réduit à un duo, avait déjà ébauché en 1976 de nombreuses compositions, dont les bandes-mères sont longtemps restées introuvables avant d’être publiées sur le tard. Pour ce deuxième enregistrement, le duo est rejoint par l’éphémère Philippe Bersan.

Si cet album est dans la directe lignée de La Bande Perdue, il en évite les longueurs et les redondances et la cohérence globale n’en est que meilleure. Les claviers et percussions sont également mieux cadrés. Trois des huit morceaux sont pourtant issus de la Bande Perdue. Le théâtral, bruitiste et mystique "Massa Confusa" est condensé, le plus mélodique "La Roue" également. On trouve même sur "Massa Confusa" une mélodie à l’orgue et une ligne de chant imitant une messe noire qui ne figuraient pas sur la première version, c’est assez amusant. "Soleil Noir" et "Le Grand Secret" (réenregistrement de "Babel") sont toujours un peu agaçants de par cet exercice de style zeuhlien emprunté, mais au sein d’un album plus court et concis, cela passe mieux. La production est toujours aussi spartiate mais les quatre nouvelles compositions sont plutôt réussies, alternant motifs et lancinements, toujours avec ces voix lointaines, moins forcées toutefois. L’instrumentation est certes limitée mais est utilisée à bon escient.

La première édition de l’album, du fait de l’ancien label Choravox qui semble être un service d’édition à la demande à l’instar de Corelia, de FLVM et du Kiosque d’Orphée, est aujourd’hui rare et chère. Mieux vaut s’intéresser à la réédition CD de 1998 par le label Soleil Zeuhl, au nom on ne peut plus explicite. Les trois pistes bonus sont importantes puisque consistant en l’inédit "Armaggedon" (enregistré en studio en 1978) et en deux morceaux live (également de 1978), "Robots Dans Le Formol" et "Chthonos", deux versions beaucoup plus pugnaces et abouties de morceaux bancals issus de La Bande Perdue, non repris sur l’album de 1977. En l’espace de deux ans, la progression est nette et il est dommage que le groupe ait splitté en 1979.

Archaïa n’est pas un grand album de Zeuhl, mais reste de la bonne musique outsider à la française, plus appréciable que le fouillis Symptome-Dei de FLAMEN DIALIS paru deux ans plus tard.